Aaliyah

Aaliyah©Abaca, CJ Contino/ Everett Collection

On peut dire que chez les Haughton, l'aura catholique est aussi présente que l'aura musicale car lorsque les parents d'Aaliyah - qui signifie "la plus exaltée" en langue swahili - et de Rashad, son frère aîné, ne les emmènent pas à l'église, les rythmes de blues et de soul battent leur plein dans leur logement de Brooklyn. Marvin Gaye, Whitney Houston, les Isley Brothers... la mère de famille, chanteuse amatrice à ses heures perdues, transmet rapidement le virus de la musique à sa fille, qui l'accompagne pour des duos enflammés.

Son éducation musicale va se poursuivre dans un autre État, le Michigan, et plus précisément à Détroit, où sa famille emménage l'année de son cinquième anniversaire. Là-bas, ses parents ne peuvent plus faire semblant face au potentiel énorme de leur fille et décident de l'inscrire à des cours de chant dans une école à la Fame. Ses premières scènes seront celles de son école et bien sûr les estrades d'églises. Mais pas question de négliger les études, qu'elle poursuit à la High School for Fine and Perfoming Arts de Détroit.

Désirant toucher encore de plus près son rêve, elle va supplier ses parents, cinq ans plus tard, de l'inscrire au télé-crochet Star Search. Diffusé sur une chaîne nationale, il lui permettrait au mieux de gagner et de se faire repérer par un producteur, au pire de passer pour la première fois sur un petit écran et de gagner en assurance quoiqu'il advienne. Face à une autre candidate, Aaliyah interprète, dans une robe noire et blanche confectionnée par sa grand-mère et une veste bolero à épaulettes, le titre My Funny Valentine, mais ne séduit pas suffisamment le jury qui lui préfère sa concurrente.

Qu'importe, Aaliyah peut compter sur sa famille, qui baigne de génération en génération dans le monde de la musique. C'est auprès de sa tante, Gladys Knight, légende de la soul, qu'Aaliyah embarque pendant une semaine à Las Vegas où les jeunes femmes se produisent toutes les deux. Aaliyah assurera même une prestation en solo en plein milieu du show, à onze ans à peine ! La petite en veut et ça se voit. Sa tante prend alors les devants et convainc son mari, Barry Hankerson, le gérant du label Blackground Records, de la prendre sous son aile et d'exploiter le talent inné de cette gamine pour la scène.

Sous le charme, Hankerson accepte immédiatement de lui faire signer un contrat pour un premier album. Dans l'équipe chargée de l'accompagner musicalement se trouve un certain R. Kelly, qui va devenir son mentor et même brièvement son époux - or lui a vingt-huit ans et elle seulement quinze, donc pas encore l'âge légal, ce qui les contraint à annuler leurs noces. Le titre du premier album d'Aaliyah fait d'ailleurs écho à cette différence d'âge puisqu'il est baptisé "Age Ain't Nothing But a Number" (littéralement, "L'âge n'est rien d'autre qu'un chiffre").

Avec sa personnalité discrète, sa voix douce, et le talent de producteur de R. Kelly, l'opus est un franc succès (trois millions d'exemplaires), propulsé par les singles Back and Forth, Down with the Clique et At Your Beast (You Are Love), reprise des Isley Brothers. Derrière ses lunettes noires et une longue mèche de cheveux, Aaliyah souffle un vent frais dans le R&B, plus habitué aux filles dénudées qu'à de jeunes femmes au look androgyne portant baggy et mini-haut, sa marque de fabrique. Si sa personnalité joue beaucoup, personne ne peut nier son flow naturel et son aisance scénique. Ce n'est pas l'Europe, le Japon ou l'Afrique du Sud, où elle se produit après la sortie de l'album, qui diront le contraire.
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Sa carrière lancée - et sa rupture avec R. Kelly consommée - Aaliyah propose un deuxième disque intitulé "One in a Million", fruit de sa collaboration avec deux inconnus venus de Virginie, Missy Elliott et Timbaland, qui vont gagner leurs lettres de noblesse dans le milieu de la production avec cet opus sorti dans les bacs en 1996. On peut dire que la gamine de Brooklyn sait s'entourer. Vendu à huit millions d'exemplaires et certifié double disque de platine en moins d'un an aux États-Unis, il confirme le succès du premier, qui n'était définitivement pas un coup de chance mais bel et bien un coup de génie.

La décennie suivante s'ouvre avec un premier rôle au cinéma dans le film d'action "Roméo doit mourir", d'Andrzej Bartkowiak, où elle campe Trish O'Day aux côtés de Jet Li et de DMX. Elle réalise également la bande-originale du film, sur laquelle figure le morceau Try Again, qui deviendra un tube planétaire et lui vaudra une nomination aux Grammy Awards ainsi que deux MTV Video Music Awards. Ses collaborations avec le cinéma, tant devant la caméra qu'à la composition ne s'arrêteront pas en si bon chemin : elle signera également la bande originale de "Dr Dolittle", avec Eddie Murphy, et jouera une déesse vampire irrésistible dans "La reine des damnés" de Michael Rymer en 2002.

Malheureusement, la déesse du R&B n'aura pas le temps de voir sa prestation dans le film, la vie, toujours cruelle, en décidant autrement. En effet, le 25 août 2001, après le tournage du clip de Rock The Boat dans les Bahamas, Aaliyah et son équipe montent à bord d'un avion bimoteur qui va s'écraser peu après le décollage à environ 70 mètres de la piste. Aucun des passagers - neuf au total - ne survivra. L'autopsie du pilote révèlera qu'il avait consommé de l'alcool et de la cocaïne et que l'avion était trop chargé, transportant le matériel de tournage en plus des passagers et de leurs bagages.

Le monde de la musique est en deuil, lui qui venait de découvrir, un mois auparavant, le troisième album de l'artiste ("We Need a Resolution"), en couple à l'époque avec Dame Dash, l'associé de Jay-Z. Produit par Timbaland, Eric Seats et Rapture, enregistré entre New York et Melbourne où elle venait de tourner "La reine des damnés" - qui a dû finalement recourir à la voix de son frère Rashad pour les dialogues -, l'opus décollait doucement. 13 millions d'exemplaires seront finalement vendus en 2013, prouvant la trace indélébile qu'Aaliyah a laissé dans l'histoire de la musique. Cette année-là, un biopic lui est même consacré, "Aaliyah : Princess of R&B", avec Alexandra Shipp dans le rôle-titre.

En décembre 2015, c'est Timbaland qui perdure à son tour le souvenir de la chanteuse en dévoilant un titre inédit, Shakin, sur sa mixtape "King Stays King". L'année suivante, Beyoncé honore quant à elle la mémoire d'Aaliyah en postant une vidéo émouvante sur laquelle on la voit interviewer son amie sur le tapis rouge des MTV Music Video Awards en 2000.

Discographie :

2001 : Aaliyah
1996 : One in a Million
1994 : Age Ain't Nothing but a Number

Filmographie :

2002 : La reine des damnés, de Michael Rymer
2000 : Roméo doit mourir, d'Andrzej Bartkowiak

Récompenses :

2003 : American Music Awards de la meilleure artiste féminine Soul/R&B pour l'album "Aaliyah"
2002 : American Music Awards de la meilleure artiste féminine Soul/R&B et du meilleur album Soul/R&B pour "Aaliyah"
2000 : MTV Video Music Awards du meilleur clip féminin et du meilleur clip pour un film pour Try Again

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