Aloe Blacc

Aloe Blacc©Abaca, Jack Shea/Starshots/Broadimage

Aloe Blacc sait se démarquer, ne serait-ce parce qu'il cultive déjà un certain sens de la sape. Ses costards bien taillés, agrémentés d'une cravate, noeud pap' ou foulard autour du cou, ainsi qu'une casquette de Gavroche ou un authentique Panama vissé sur la tête, lui donnent un look rétro toujours impeccable. Sa musique, aussi, a un goût de vintage, inspirée de courants aussi divers que le rock, la soul ou le hip-hop de son enfance passée dans la banlieue californienne d'une part, et la salsa, le merengue, le calypso ou encore le reggae de son héritage panaméen d'autre part.

Ses parents sont effectivement originaires de la petite république située entre les Amériques du Nord et du Sud, entre la mer des Caraïbes et l'océan Pacifique. Lui, naît et grandit sur la côte Ouest des États-Unis. Élève assidu, Aloe Blacc obtient après le lycée une bourse pour étudier la communication et la psycholinguistique à l'Université de Californie du Sud. Celui qui "joue avec les mots", comme il le dit lui-même à un journaliste du Guardian, est aussi musicien : il apprend la trompette dès le plus jeune âge puis se met, étudiant, au piano et à la guitare.

Avant de devenir le crooner que le monde découvre en 2010 avec le tube I Need A Dollar, Aloe Blacc est un MC. Un rappeur, donc, méconnaissable sur "Imaginery Friends", première mixtape qu'il enregistre en 1996 avec un certain DJ dénommé Exile, sous le nom de groupe Emanon - soit "No name" inversé. C'est à ce moment-là d'ailleurs que celui qui n'est encore que lycéen choisit son propre nom de scène... Une référence directe à la plante succulente, puisque son style est "aussi doux que de la lotion", dit-il. Ainsi à deux doigts de s'appeler littéralement "Aloe Noire", il a préféré, encore par souci de douceur, troquer l'austère "k" de "black" pour un deuxième "c" plus douillet.

Après quelques autres enregistrements underground avec son acolyte, le rappeur décide au début des années 2000 de changer de cap. S'il y reviendra plus tard - le public d'Emanon attend encore un album inachevé intitulé "Bird's Eye View" - Aloe Blacc ne se sentait plus trop à l'aise dans ce registre devenu selon lui "violent et misogyne", loin de l'âge d'or porté par des groupes comme A Tribe Called Quest et De La Soul qu'il affectionnait tant. Alors Aloe Blacc se met à chanter. Et publie en 2006 un premier album solo, "Shine Through", qui annonce déjà sa patte musicale, un genre rétro-soul, mais dont la partie vocale reste encore à travailler...

Chose faite quatre ans plus tard, puisque le chanteur revient avec un deuxième opus, "Good Things", sur lequel il exploite enfin sa voix, si reconnaissable aujourd'hui, notamment sur son tube I Need A Dollar. Accueilli comme un hymne dans un monde post-crise financière, ce dernier est diffusé en boucle dans l'Hexagone et se voit utilisé outre-Atlantique pour le générique de la série HBO "How to ... Make it in America". Avec deux autres hits singles, Loving You Is Killing Me et Green Lights, l'album est quant à lui fait disque d'or dans nombreux pays notamment européens.

Fort de ce succès, Aloe Blacc entame en 2011 une tournée avec des scènes remarquées comme au Festival de Jazz de Montreux. Deux ans plus tard, il revient dans les bacs avec une collaboration aussi surprenante que lucrative. Toujours enclin à l'expérimentation musicale, il enregistre Wake me Up en featuring sur le premier album du DJ suédois Avicii. Le single se voit propulsé en pôle position des charts de vingt-deux pays et parvient même à rentrer dans le Top 5 du classement américain.

Mais c'est avec son troisième album, sorti fin 2013, que le chanteur atteint de nouveaux sommets personnels. "Lift Your Spirit", son premier opus signé auprès d'un grand label - Interscope -, bénéficie de collaborations avec quelques producteurs de taille comme Pharrell Williams et DJ Khalil (qui a travaillé avec quelques artistes comme Eminem ou 50 Cent). Et le résultat est là : s'il avait déjà conquis les auditeurs européens, Aloe Blacc restait encore peu connu dans sa propre patrie... Jusqu'à The Man, son premier hit single aux États-Unis, certifié platine à peine un mois après sa sortie. Alors que l'album, lui, décroche une nomination aux prestigieux Grammy Awards dans la catégorie R&B.

Fort de ce nouveau succès, le chanteur s'ouvre à d'autres horizons, faisant ses premiers pas d'acteur en 2014 dans "Get on Up". Pour ce biopic consacré à James Brown, réalisé par Tate Taylor, il se glisse dans la peau de Nafloyd Scott, un des membres du groupe The Famous Flames qui a fait les débuts du célèbre Père de la funk et Parrain de la soul. Comme inspiré par cette expérience cinématographique, Aloe Blacc collabore de nouveau à un film en 2016, mais seulement sur la bande originale : il signe le titre Let the Games Begin pour "La Couleur de la Victoire" de Stephen Hopkins, encore un biopic, qui retrace cette fois le parcours de l'athlète afro-américain Jesse Owens jusqu'aux Jeux Olympiques de 1936.

Refaisant ainsi surface trois ans après la parution de son dernier album, le chanteur américain semble encore plein de projets. On a pu l'entendre à travers plusieurs autres chansons au cours de l'année : sur le titre Candyman, enregistré pour les 75 ans des bonbons M&M's, sur une version (très calme) du Billy Jean de Michael Jackson, réalisée dans le cadre de l'album caritatif "The Time Is Now" aux bénéfices de la recherche contre le sida, et sur un duo avec la chanteuse mexicaine Ceci Bastida pour son titre Un Sueño. Sans compter un nouveau single 100 % Aloe Blacc, Broke, sorti en août 2016... Les prémices d'un nouvel opus, peut-être ?

Discographie :

2013 : Lift Your Spirit
2010 : Good Things
2006 : Shine Through

Filmographie :

2014 : Get on Up, de Tate Taylor

Vos réactions doivent respecter nos CGU.