Issue d'une famille nombreuse, elle a quatre frères et soeurs : James Charles, Nora Hilary Wintour, Patrick Wintour (journaliste politique au Guardian et à l'Observer) et son frère aîné Gerald Jackson Wintour, décédé en 1951, renversé par une voiture alors qu'il se rendait à l'école en vélo. Baignant dans le milieu journalistique, Anna Wintour aura plus tard pour belle-mère la rédactrice Audrey Slaughter, fondatrice de plusieurs magazines anglais dont Honey et Petticoat.
C'est à la North London Collegiate School que la jeune fille commence à s'affirmer : contestant l'uniforme en vigueur, elle raccourcit ses jupes. Dès l'âge de 14 ans, elle adopte sa célèbre coupe au carré, devenue sa "marque de fabrique" : elle n'en changera jamais. Anna développe peu à peu un intérêt pour la mode dans le Londres branché des années 1960 ("swinging London") : fan de l'émission Ready Steady Go! de Cathy McGowan, elle obtient son premier travail dans une boutique branchée nommée Biba, à l'âge de 15 ans. Quittant l'école l'année suivante, elle décide de débuter une formation chez Harrods. Ses parents, peu enclins à la laisser sans diplôme, l'obligent à prendre des cours de mode dans une école proche du magasin, qu'elle abandonne rapidement prétextant que "la mode ne s'apprend pas".
Anna fait ses premiers pas en tant que journaliste de mode en intégrant l'édition britannique d'Harper's Bazaar en 1970. Alors assistante éditoriale, la jeune femme ambitieuse n'hésite pas à dire haut et fort qu'elle souhaite devenir rédactrice chez Vogue. La future papesse de la mode fait alors découvrir le mannequin Annabel Hodin, une ancienne camarade de classe, et fait travailler, à cette même époque, des photographes reconnus comme Helmut Newton. En 1975, la journaliste quitte le magazine ne s'entendant pas avec le nouveau rédacteur en chef (un poste qu'elle convoitait). Elle s'envole alors pour New York avec le journaliste et playboy Jon Bradshaw, son compagnon, et rejoint l'édition américaine de Harper's Bazaar en 1975, en tant que rédactrice de mode.
Licenciée au bout de 9 mois suite à des conflits avec le rédacteur en chef Tony Mazzola, Wintour décroche son premier poste de rédactrice en chef mode au magazine Viva. Disposant d'une assistante personnelle, c'est là que sa réputation de patronne exigeante prend forme : elle y travaillera durant 2 ans, jusqu'à l'arrêt de la publication. Après une pause, de nombreuses conquêtes et peines de coeur, elle reprend le travail en 1980. Rédactrice en chef mode pour le nouveau magazine féminin Savvy, elle devient, l'année suivante, la rédactrice en chef mode du magazine New York. Petite protégée de l'éditeur Edward Kosner, ce dernier lui permet tout, ce qui ne plaît pas à ses collègues.
Wintour obtient ensuite un entretien avec la rédactrice en chef de Vogue, Grace Mirabella, grâce à une ancienne collègue. Une entrevue de courte durée, puisqu'Anna lui fait vite comprendre qu'elle souhaite prendre sa place. Grâce à son travail au New York, elle est remarquée par Alexander Liberman, directeur d'édition du groupe Condé Nast qui possède Vogue. Directrice de la création du groupe en 1983, poste spécialement créé pour elle, la journaliste n'a pas de fonctions clairement définies et exerce une emprise sur l'orientation du magazine, sans jamais en référer à Grace Mirabella. En 1985, elle accède au poste de rédactrice en chef de l'édition britannique de Vogue et en prend la direction l'année suivante : elle contribuera largement à l'évolution du magazine le rapprochant du concept de l'édition américaine tout en s'inspirant du magazine Savvy. Alors surnommée "Nuclear Wintour", on parle de "The Wintour of Our Discontent", en référence au roman The Winter of Our Discontent de John Steinbeck et à la pièce Richard III de William Shakespeare.
Désormais directrice du magazine House & Garden à New York, elle le rend méconnaissable en le remplissant de photos et d'articles de mode : elle fait ainsi perdre à la publication ses fidèles lecteurs. Transférée par Condé Nast au bout de 6 mois : elle accède enfin au poste de ses rêves : la direction de Vogue. Révolutionnant le magazine, elle n'hésitera pas, dès sa première publication, à "faire du bruit" : Michaela Bercu en jeans sur la couverture montre l'exemple suivie d'une couverture de l'édition "spéciale mode" avec un mannequin noir. Les ventes augmentent alors considérablement faisant de Vogue le leader de toutes les éditions mondiales.
En décembre 2012, elle est pressentie pour être nommée ambassadrice des Etats-Unis pour avoir contribué à la réélection de Barack Obama. L'année suivante, la puissante Anna est nommée directrice artistique de toutes les publications du groupe Condé Nast.
Côté vie privée, elle épouse le pédo-psychiatre David Shaffer, de 13 ans son aîné, en 1984. Ensemble, ils auront deux enfants : Charles (Charlie) et Katherine (connue sous le nom de Bee), qui écrit notamment pour le Daily Telegraph. Le couple divorce en 1999. Elle entretient désormais une relation suivie avec le millionnaire Shelby Bryan qui l'aurait "adoucie", selon ses amis.
Philanthrope, la rédactrice encourage et soutient les jeunes stylistes et a rassemblé de l'argent pour les victimes des attaques terroristes du 11 septembre. Impliquée dans la lutte contre le Sida, elle a aussi récolté plus de 10 millions de dollars depuis les années 1990 et promeut les nouveaux talents américains à Paris lors des soirées "Americans in Paris", organisées à l'ambassade des Etats-Unis en France.
Anna Wintour est celle qui a inspiré le roman à succès Le Diable s'habille en Prada, écrit par son ancienne assistante Lauren Weisberger : sous les traits de la terrible Miranda Priestly, on peut reconnaître Anna, un rôle qui sera interprété au cinéma par Meryl Streep.
Récompenses :
2003 : "Prix Geoffrey Beene" du Conseil des créateurs de mode américains
2011 : Médaille de chevalier de la Légion d'honneur par le président français Nicolas Sarkozy
© BestImage, STARMAX
Anna Wintour aurait vécu une histoire avec Bob Marley
Oui, vous ne rêvez pas : des rumeurs indiquaient que la papesse de la mode, Anna Wintour, avait vécu une idylle avec Bob Marley. En 2017, alors qu'elle est conviée par James Corden dans son Late Late Show, elle est confrontée à la question suivante dans le cadre d'un jeu : "Selon une rumeur, vous avez eu une liaison avec Bob Marley. Comment était-il au lit ?" La boss de Vogue répond alors : "Je suis vraiment heureuse que vous me demandiez cela. Fausse rumeur. Je n'ai en fait jamais rencontré Bob Marley. Désolé de vous décevoir." Anna Wintour aux God's Love We Deliver Golden Heart Awards à New York, le 16 octobre 2017.
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