C'est à Rouen en 1947 que la petite Anny Legras voit le jour. Aux côtés de ses parents et de sa petite soeur Patricia, elle grandit dans un foyer joyeux et chaleureux. Un bonheur qui est de courte durée : Anny n'a pas neuf ans quand elle découvre ses parents asphyxiés au monoxyde de carbone dans leur salle de bains. Elle sera alors séparée de Patricia, toutes deux mises dans deux foyers opposés, l'une chez les grands-parents maternels, l'autre du côté paternel. De cette noire expérience, elle tient la force de son engagement pour l'association SOS village d'enfant.
Pour des raisons diverses, elle quitte l'école à l'âge de 15 ans et entre aux Beaux-Arts où elle remporte un Premier prix de comédie. Trois ans plus tard, elle tente sa chance à Paris et s'inscrit au cours d'art dramatique de René Simon, plus communément appelé aujourd'hui, Cours Simon.
Cette grande jeune fille au port de tête altier foule les planches en tant que jeune comédienne, mais son allure la prédestine au cinéma. C'est chose faite en 1966 lorsque Jean-Luc Godard lui offre l'un des rôles de "Deux ou trois choses que je sais d'elle". Elle enchaîne des petits rôles dans des films comme "Pas folle la guêpe" chez Jean Delannoy et croise la route d'un grand blond maladroit, Pierre Richard, qui la fait tourner dans "Les Malheurs d'Alfred" en 1972. C'est donc par la comédie qu'Anny Duperrey se fait un nom, partageant les chutes de Richard.
A cette époque, elle joue encore au théâtre et celle qui se définit chez Gala "comme une femme ayant été légère", se laisse tenter par l'amour puisqu'elle croise le regard bleu acier de Bernard Giraudeau, un acteur animal et tourmenté qui sera son compagnon pendant dix-huit ans, ainsi que le père de Gaël et Sara Giraudeau. Par la suite, elle vivra également une passion avec l'acteur Cris Campion, qui est de vingt ans son cadet.
Avant de confirmer son statut d'actrice à succès en France, elle fait un tour à Hollywood où en 1977, c'est le grand réalisateur Sydney Pollack qui lui offre un rôle face à Al Pacino pour "Bobby Deerfield", également au côté de Marthe Keller. Le film est nommé par ailleurs aux Golden Globes.
Mais c'est bel et bien dans l'Hexagone qu' Anny décroche son rôle le plus marquant, celle de l'amante en robe rouge d'un Jean Rochefort stoïque et faussement austère, follement épris d'elle dans la comédie "Un Eléphant ça trompe énormément" en 1976. Entourée de Claude Brasseur, Victor Lanoux et Guy Bedos, le film marque toute une époque et le début des films de copains. En 1984, Gene Wilder en fera également un remake, "La Fille en rouge".
Elle enchaîne les comédies et campe souvent l'élément déclencheur ou perturbateur. En 1983, elle embrouille ses deux anciens amants dans "Les Compères", où elle retrouve Pierre Richard et également Gérard Depardieu chez Francis Veber, l'inventeur du "François Pignon".
Anny Duperey partage en 1981 le plateau de tournage du "Grand Pardon" d' Alexandre Arcady avec Giraudeau et le couple donne la réplique à Roger Hanin, Richard Berry, Jean-Pierre Bacri ou encore Sam Karmann, dans ce "Parrain" à la française qui rencontre son public sans difficulté.
Elle n'est pas accro au cinéma et se diversifie, se démarque par sa capacité à écrire des ouvrages, notamment "Le Voile Noir" qui retrace le drame de son enfance et aime retrouver les planches. Très remarquée, elle recevra plusieurs nominations aux Molière. Elle continue de tourner en 1993 pour Claude Berri dans son adaptation du roman de Zola, "Germinal".
Après une période de retrait médiatique, Anny Duperrey revient en 1992, triomphante dans la série "Une Famille Formidable", où elle donne la réplique à un autre comédien de grand talent, Bernard LeCoq. Ce programme diffusé sur TF1 connaît un franc succès depuis maintenant 24 ans.
Filmographie :
1992-2016 : Une famille formidable (Série TV)
2014 : Un parfum de sang, de Pierre Lacan
2013 : Marge d'erreur, de Joël Santoni
2011 : L'amour dure trois ans, de Frédéric Beigbeder
2011 : Vous n'avez encore rien vu, d'Alain Resnais
2008 : Coco Chanel (Série TV)
2008 : Bambou, de Didier Bourdon
2008 : De l'autre côté du lit, de Pascal Pouzadoux
2008 : Eden à l'Ouest, de Costa-Gavras
2007 : Clara Sheller (Série TV)
2007 : Sous mes yeux, de Stéphanie Vasseur
2006 : Danse avec lui, de Valérie Guignabodet
2005 : Une vie en retour (Téléfilm)
2003 : Le Voyage de la grande duchesse, de Joyce Bunuel
2001 : Un pique-nique chez Osiris, de Nina Companeez
2000 : Tôt ou tard, d'Anne-Marie Etienne
1998 : Marseille, de Didier Albert
1997 : L'enfant perdu, de Christian Faure
1993 : Alice Nevers (Série TV)
1993 : Germinal, de Claude Berri
1991 : Contre l'oubli, de Jacques Doillon et Michel Deville
1988 : La face de l'ogre, de Bernard Giraudeau
1987 : Gandahar, de René Laloux
1984 : La triche, de René Laloux
1983 : Le démon dans l'île, de Francis Leroi
1983 : Les compères, de Francis Veber
1981 : La guerre de Troie n'aura pas lieu, de Raymond Rouleau
1981 : Le Grand pardon, d'Alexandre Arcady
1981 : Meurtres à domicile, de Marc Lobet
1981 : Mille milliards de dollars, d'Henri Verneuil
1980 : Psy, de Philippe de Broca
1979 : De l'enfer à la victoire, d'Umberto Lenzi
1978 : Amours sous la révolution : André Chénier et la jeune captive, de Jean-Paul Carrère
1978 : Trocadéro bleu citron, de Michaël Shock
1977 : Bobby Deerfield, de Sydney Pollack
1977 : Maladie Mortelle, de François Weyergans
1976 : Embraces, de Jochen Richter
1976 : L'arriviste, de Samy Pavel
1976 : Nuit d'or, de Serge Moati
1976 : Un éléphant ça trompe énormément, d'Yves Robert
1975 : Le Malin Plaisir, de Bernard Toublanc-Michel
1974 : Pas de problème !, de Georges Lautner
1974 : Stavisky, d'Alain Resnais
1973 : L'oiseau rare, de Jean-Claude Brialy
1972 : Les malheurs d'Alfred, de Pierre Richard
1972 : Pas folle la guêpe, de Jean Delannoy
1972 : Sans sommation, de Bruno Gantillon
1971 : L'heure éblouissante, de Jeannette Hubert
1969 : Les femmes, de Jean Aurel
1969 : Un jeune couple, de René Gainville
1968 : Bye bye, Barbara, de Michel Deville
1968 : Histoires extraordinaires, de Federico Fellini, Louis Malle
1968 : Sarn, de Claude Santelli
1968 : Sous le signe de Monte-Cristo, d'André Hunebelle
1967 : L'homme qui valait des milliards, de Michel Boisrond
1966 : Deux ou trois choses que je sais d'elle, de Jean-Luc Godard
1966 : Jerk à Istanbul, de Francis Rigaud
1965 : L'examen de passage, de Lazare Iglesis
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Anny Duperey a perdu ses parents très tôt
En tête de liste des stars qui ont eu une enfance compliquée, on retrouve l'actrice Anny Duperey. À l'âge de huit ans, la petite fait face au tragique décès accidentel de ses deux parents, asphyxiés au monoxyde de carbone dans leur propre salle de bains. Dès lors, elle est recueillie par sa grand-mère paternelle et sa tante mais se voit séparée de sa petite soeur (âgée de 5 mois au moment du drame). Une situation traumatisante que la petite fille vivra très mal pendant plusieurs longues années. "On m'a séparée de ma soeur de 5 mois quand mes parents sont morts. On m'a retiré mon bébé, quelque part, moi qui étais si contente d'avoir une petite soeur... Je sais à quel point c'est dur, irréparable même, lorsqu'on a déjà vécu le traumatisme de perdre ses parents", expliquait-elle dans les colonnes de TV Magazine en novembre 2020.
Portrait de Anny Duperey réalisé lors de l'enregistrement de l'émission "Chez Jordan", le 25 mars 2022.
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