Ben Vautier
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Celui que l'on connaît pour sa célèbre signature au feutre blanc sur fond noir, et ses petites phrases accrocheuses pleines de philosophie, naît le 18 juillet 1935 d'un père suisse francophone et d'une mère irlandaise et occitane.
Benjamain
Vautier,
de
son
nom
complet,
vit
ses
premières
années
à
Naples,
jusqu'à
la
déclaration
de
la
guerre
de
1939.
Il
voyage
alors
avec
sa
famille
en
Turquie,
en
Suisse,
ou
encore
en
Égypte
avant
de
finalement
s'installer
à
Nice
en
1949.
Après
avoir
acheté
une
librairie/papeterie,
puis
une
boîte
de
nuit
à
tout
juste
20
ans,
le
jeune
homme
ouvre
à
la
fin
des
années
1950
une
boutique
de
disques
d'occasion.
Son
magasin,
dont
la
façade
est
décorée
de
tout
et
n'importe
quoi,
se
transforme
vite
en
un
lieu
de
rencontres
entre
jeunes
artistes
qui
formeront
bientôt
la
fameuse
École
de
Nice.
Parmi
eux,
un
certain
Yves
Klein
qui
va,
avec
le
Nouveau
Réalisme
et
les
ready-mades
de
Marcel
Duchamp,
grandement
influencer
Ben.
C'est
en
effet
lui
qui,
alors
que
ce
dernier
s'essaie
à
l'art
abstrait
(autour
de
la
banane),
l'encourage
plutôt
à
développer
ces
petites
phrases
qu'il
écrit
déjà
sur
les
murs,
lui
disant
:
"Les
bananes,
c'est
du
sous-Kandinsky,
expose
plutôt
tes
grands
poèmes
à
l'encre
de
Chine,
c'est
plus
authentique."
Aussi
l'artiste
en
herbe
ne
s'attarde-t-il
plus
sur
ce
qui
a
déjà
été
fait,
si
ce
n'est
pour
tout
répertorier,
et
s'approprie
le
reste.
Tout
le
reste.
Il
dit
même
à
cette
époque
:
"Je
crois
que
l'art
est
dans
l'intention
et
qu'il
suffit
de
signer."
Alors
il
se
met
à
signer
"tout
ce
qui
ne
l'a
pas
été
(...)
les
trous,
les
boîtes
mystères,
les
coups
de
pieds,
Dieu,
les
poules,
etc.".
Et
trouve-là
sa
marque
de
fabrique,
une
simple
signature
qui
fera
de
ses
oeuvres
parmi
les
plus
reconnaissables
de
notre
temps.
Alors
qu'il
rencontre
au
début
des
années
1960
George
Maciunas
et
son
groupe
Fluxus,
les
rejoignant
dans
de
nombreux
happenings
de
rue
comme
s'installer
"à
la
sortie
d'une
galerie
et
signer
les
tableaux
des
autres",
Ben
continue
de
développer
une
théorie
selon
laquelle
"l'art
doit
être
nouveau".
Celui
qui
se
diversifie
ainsi
sans
cesse,
jonglant
entre
l'écriture
et
la
performance
en
passant
par
la
vidéo
voire
la
sculpture,
consacre
également
une
partie
de
sa
boutique
à
un
espace
d'exposition
pour
"ceux
qui
font
du
nouveau".
Véritable
curiosité,
le
petit
magasin
fourre-tout
ne
tardera
lui-même
...
C'est que Ben s'est entre-temps fait connaître du grand public. Ses premières expositions, son tableau "Vive de Gaulle" présenté au Salon de l'art contemporain en plein Mai 68, ou encore son "Festival mondial non-art, anti-art, la vérité est art", lancé en 1969, le mènent au début des années 1970 dans les plus grands musées, du Grand Palais à Paris au Guggenheim à New York. Depuis, l'artiste iconoclaste enchaîne les expositions et s'angoisse à force de vouloir toujours se renouveler. Aussi finit-il par se lasser, un peu, de l'art et s'intéresser, beaucoup, aux ethnies et notamment ses origines maternelles occitanes. C'est néanmoins autour de ce nouveau centre d'intérêt que Ben continue d'exposer dans les années 1980, alors qu'il commence, aussi, à se tourner vers le merchandising...
Si la commercialisation de son oeuvre lui apporte bien des détracteurs, l'artiste touche-à-tout s'en défend, "décomplexé" dit-il par Andy Warhol qui (pour une fois) l'a fait avant lui... Après quelques t-shirts, il signe avec la marque Quo Vadis son plus grand coup dans les années 1990. Celle-ci le paie en effet jusqu'à 2000 voire 3000 euros par petite phrase, qu'elle duplique sur les agendas, trousses, pochettes et autres fournitures scolaires. Le rendant, à soixante ans passés, grandement populaire auprès du jeune public.
Aussi Ben parvient-il à traverser les âges et rester indémodable. Celui qui se dit angoissé de tout, et surtout de ne pas réussir à se renouveler, arrive pourtant à se dépasser dans chaque nouvelle lubie qu'il entreprend : on l'a vu réciter des poèmes inspirés de la Beat Génération, se donner en concert auprès de Fluxus, cataloguer toutes les "Têtes de Nice" croisées depuis les années 1970 dans un film, signer une série de timbres, organiser des expos sur l'Occitan ou sur les artistes suicidés, et même donner quelques cours à l'École des Beaux-Arts... L'artiste de 81 ans, infatigable, intéresse ainsi toujours autant les commissaires : le Musée Maillol lui consacre même, pour sa réouverture en 2016, l'une des plus grandes rétrospectives qui lui a jamais été consacrée. L'occasion, encore et toujours, de se demander si "Tout est art ?".