Ben Vautier

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Ben Vautier©Abaca, Dargent Vincent

Benjamain Vautier, de son nom complet, vit ses premières années à Naples, jusqu'à la déclaration de la guerre de 1939. Il voyage alors avec sa famille en Turquie, en Suisse, ou encore en Égypte avant de finalement s'installer à Nice en 1949. Après avoir acheté une librairie/papeterie, puis une boîte de nuit à tout juste 20 ans, le jeune homme ouvre à la fin des années 1950 une boutique de disques d'occasion. Son magasin, dont la façade est décorée de tout et n'importe quoi, se transforme vite en un lieu de rencontres entre jeunes artistes qui formeront bientôt la fameuse École de Nice.

Parmi eux, un certain Yves Klein qui va, avec le Nouveau Réalisme et les ready-mades de Marcel Duchamp, grandement influencer Ben. C'est en effet lui qui, alors que ce dernier s'essaie à l'art abstrait (autour de la banane), l'encourage plutôt à développer ces petites phrases qu'il écrit déjà sur les murs, lui disant : "Les bananes, c'est du sous-Kandinsky, expose plutôt tes grands poèmes à l'encre de Chine, c'est plus authentique." Aussi l'artiste en herbe ne s'attarde-t-il plus sur ce qui a déjà été fait, si ce n'est pour tout répertorier, et s'approprie le reste. Tout le reste. Il dit même à cette époque : "Je crois que l'art est dans l'intention et qu'il suffit de signer." Alors il se met à signer "tout ce qui ne l'a pas été (...) les trous, les boîtes mystères, les coups de pieds, Dieu, les poules, etc.". Et trouve-là sa marque de fabrique, une simple signature qui fera de ses oeuvres parmi les plus reconnaissables de notre temps.

Alors qu'il rencontre au début des années 1960 George Maciunas et son groupe Fluxus, les rejoignant dans de nombreux happenings de rue comme s'installer "à la sortie d'une galerie et signer les tableaux des autres", Ben continue de développer une théorie selon laquelle "l'art doit être nouveau". Celui qui se diversifie ainsi sans cesse, jonglant entre l'écriture et la performance en passant par la vidéo voire la sculpture, consacre également une partie de sa boutique à un espace d'exposition pour "ceux qui font du nouveau". Véritable curiosité, le petit magasin fourre-tout ne tardera lui-même ... pas à entrer au musée, devenant l'une des plus grandes pièces de Beaubourg en 1975.

C'est que Ben s'est entre-temps fait connaître du grand public. Ses premières expositions, son tableau "Vive de Gaulle" présenté au Salon de l'art contemporain en plein Mai 68, ou encore son "Festival mondial non-art, anti-art, la vérité est art", lancé en 1969, le mènent au début des années 1970 dans les plus grands musées, du Grand Palais à Paris au Guggenheim à New York. Depuis, l'artiste iconoclaste enchaîne les expositions et s'angoisse à force de vouloir toujours se renouveler. Aussi finit-il par se lasser, un peu, de l'art et s'intéresser, beaucoup, aux ethnies et notamment ses origines maternelles occitanes. C'est néanmoins autour de ce nouveau centre d'intérêt que Ben continue d'exposer dans les années 1980, alors qu'il commence, aussi, à se tourner vers le merchandising...

Si la commercialisation de son oeuvre lui apporte bien des détracteurs, l'artiste touche-à-tout s'en défend, "décomplexé" dit-il par Andy Warhol qui (pour une fois) l'a fait avant lui... Après quelques t-shirts, il signe avec la marque Quo Vadis son plus grand coup dans les années 1990. Celle-ci le paie en effet jusqu'à 2000 voire 3000 euros par petite phrase, qu'elle duplique sur les agendas, trousses, pochettes et autres fournitures scolaires. Le rendant, à soixante ans passés, grandement populaire auprès du jeune public.

Aussi Ben parvient-il à traverser les âges et rester indémodable. Celui qui se dit angoissé de tout, et surtout de ne pas réussir à se renouveler, arrive pourtant à se dépasser dans chaque nouvelle lubie qu'il entreprend : on l'a vu réciter des poèmes inspirés de la Beat Génération, se donner en concert auprès de Fluxus, cataloguer toutes les "Têtes de Nice" croisées depuis les années 1970 dans un film, signer une série de timbres, organiser des expos sur l'Occitan ou sur les artistes suicidés, et même donner quelques cours à l'École des Beaux-Arts... L'artiste de 81 ans, infatigable, intéresse ainsi toujours autant les commissaires : le Musée Maillol lui consacre même, pour sa réouverture en 2016, l'une des plus grandes rétrospectives qui lui a jamais été consacrée. L'occasion, encore et toujours, de se demander si "Tout est art ?".

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