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Blanche Gardin
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C'est pourtant le thème universel de l'amour, enfin plutôt de la rupture amoureuse et des plaies qu'elle ouvre, qui l'amène à monter sur scène. Chez Blanche Gardin tout est vrai. À commencer par ses drôles d'expériences de vie - incroyables, mais vraies - qu'elle clame sur scène, seule derrière un pied de micro, le sourire souvent en bandoulière, l'humour noir toujours plein les poches de ses robes.
Mais avant l'humour noir, Blanche, comme on la surnomme dans le métier, a comme qui dirait eu mille vies. Des vies pas toujours drôles, comme sa fugue à 17 ans qui la conduit à Naples pendant neuf mois avec une copine. N'osant pas lui dire, le lendemain de leur soirée planante, qu'elle avait oublié leur délire de la veille, l'ado a préféré détruire la vie de ses parents, selon ses termes, plutôt que de laisser sa comparse partir toute seule.
Adolescente difficile donc - on ne peut pas en dire autant de son frère devenu prof et sa soeur juge - Blanche voit le jour un 3 avril de l'année 1977, alors que la fratrie et les cousins sont déjà très liés. Se frayant laborieusement une place dans cette bande de grands, la cadette de la famille se sent déjà différente. Décrochant en pleine volée son baccalauréat au retour de sa fugue après deux semaines intenses à revoir le programme complet avec son père, professeur de linguistique, Blanche rêve d'un métier manuel.
Ce sera le travail du bois. Mais le CFA d'ébénisterie ne l'apercevra dans ses rangs que six petits mois. En effet, déjà forte tête, Blanche supporte mal les réflexions racistes de son employeur et claque la porte. Direction les bancs de l'université de Paris X Nanterre et le département des sciences humaines. Elle qui ne se passionnait pas pour grand-chose trouve enfin un truc qui la botte : la sociologie. Première de sa promo, elle en ressort avec un BAC+5 et un DEA dûment mérité.
Dûment mérité car pour valider son DEA, l'étudiante a déjà dû réaliser une thèse. À contre-courant des sujets choisis par ses camarades de classe, l'étudiante met elle le doigt d'abord sur l'ultra-marge, les toxicomanes, qu'elle a fréquenté pendant sa fugue, suivi de l'ultra-norme, à savoir la police. Mais pour en savoir un peu plus sur la culture policière, à part l'intégrer, il n'y a pas grand-chose à faire, car l'institution est discrète sur ses pratiques. Avide de nouveaux défis Blanche se dit pourquoi pas ? Et rentre dans les rangs en tant qu'adjoint de sécurité. Elle restera au total six mois dans la police.
Armé de son DEA - et non plus de son arme de service - la sociologue trouve rapidement du travail comme éducatrice, poste qu'elle officiera pendant quatre ans. En parallèle des précieux conseils qu'elle livre aux jeunes, la trublionne réalise quelques sketchs avec sa bande baptisée Les Intermythos. Si personne dans la bande ne prend vraiment au sérieux ces sketchs décousus, le caméraman qui les filme lui, Ali Arhabh, croit en leur talent. Voilà comment, après avoir envoyé des DVD de leurs performances à droite à gauche, Les Intermythos se retrouvent sur Canal+.
D'abord repéré par Karl Zéro, qui les prend sous son aile sur la dernière période, de son émission Le Vrai Journal en 2006, suivi du Grand Journal, c'est ensuite au tour de Kader Aoun, co-fondateur du Jamel Comedy Club. Cette troupe qui prend ses sources dans la tradition du stand-up à l'américaine, de croire au potentiel de Blanche et de ses acolytes. Blanche monte alors pour la toute première fois sur scène, notamment en première partie de Tomer Sisley. L'expérience est douloureuse mais enrichissante. Elle qui ne s'était jamais imaginé une seule seconde monter sur scène pour faire le clown, va rester trois ans dans l'écurie Debbouze.
Avec le Jamel Comedy Club, Blanche Gardin découvre toute la scène stand-up américaine, qui ne comporte que très peu de filles à l'époque, et plus globalement l'univers humoristique de Louis C.K, ce comique passé maître dans l'art de faire grincer des dents. Comme son modèle, Blanche va poser un regard moralisateur sur la société, tout en se moquant d'elle-même. Cru, caustique, violent... les adjectifs ne manquent pas pour décrire l'humour de la jeune femme qui fait mouche jusqu'au cinéma et la télévision (qu'elle n'a pas chez elle).
En effet, après avoir décroché quelques petits rôles sur grand écran - notamment chez ses anciens acolytes du JCC Fabrice Eboué et Thomas Ngijol pour la comédie "Case départ" (2011) - l'humoriste obtient en 2012 un rôle récurrent dans la série décomplexée du clitoris "WorkinGirls". Prenant part à deux saisons de cette série à succès diffusée sur Canal+, Blanche Gardin y campe Hélène Grilloux, une fille loin d'être sociable, avec ses allures de vieille fille, son dos recroquevillé et ses cheveux plaqués. Plus à l'aise avec les chats, qu'elle collectionne sur son bureau, qu'avec les humains qui l'entourent, Hélène paraît finalement presque normale parmi ces nymphomanes et autres filles tordues qui animent ce bureau vraiment pas comme les autres.
La série fait un carton et permet à Blanche de gagner un peu plus en visibilité. On l'apercevra en 2013 chez David Moreau en photographe insupportable face à Pierre Niney et Virginie Efira pour "20 ans d'écart", puis deux ans plus tard sous la direction de Jean-Paul Rouve dans "Les Souvenirs". Aussi pluridisciplinaire que sa mère, tour à tour auteure, traductrice, documentaliste et iconographe, elle créé en 2007 pour l'émission hebdomadaire Ligne Blanche, toute une galerie de personnages loufoques, dont Marjorie Poulet, une cagole à l'accent du sud, qui fait du roller sur le sable et a sa propre perception de l'écologie. En 2013, elle écrit également des épisodes du programme court de France 2 "Parents mode d'emploi".
Après quoi, Blanche saute le pas à la rentrée 2014 avec son premier one-woman-show : "Il faut que je vous parle !" Interdit aux moins de 16 ans, le spectacle, né après une rupture mal digérée, montre une Blanche qui pousse le bouchon loin, parfois même jusqu'au malaise. Les insanités, dites toujours sur un ton très calme, témoignent d'une écriture quasi-chirurgicale. Postée avec une féminité sans détour et droite comme un I derrière un pied de micro, elle parle avec pessimisme - bon d'accord avec cynisme - de sa vie de trentenaire larguée et désabusée, seule au moment même où elle rêvait de bébé.
Elle remet le couvert au début de l'année 2016 avec le spectacle "Je parle toute seule". Interdit cette fois aux moins de 17 ans - sa nièce va sur ses 17 ans et ne pourra toujours pas voir le show - le clown cynique y évoque cette fois les bonnes raisons d'être dépressive. Ambiance. Mais son humour plaît si bien qu'on la décrit aujourd'hui comme une "star de l'humour trash au féminin" dans l'Hexagone, au même titre qu'Amy Schumer, Amy Poehler ou Lena Dunham outre-Atlantique. C'est d'ailleurs outre-Atlantique, dans la Mecque du stand-up, au Comedy Cellar de New York, qu'elle se produit à l'été 2016.
L'année suivante, c'est comme scénariste et actrice principale qu'elle revient sur le devant de la scène cinématographique avec "Problemos", la nouvelle comédie signée Eric Judor. L'histoire ? Une communauté zadiste anti-capitaliste vivant dans des lieux reculés proches de la nature et coupés de la société moderne. Lorsqu'un virus va décimer la race humaine, cette communauté sera la seule survivante. Blanche Gardin la seule survivante ? On prend !
Filmographie :
2017 : Problemos, d'Eric Judor
2016 : Damoclès, de Manuel Schapira (Téléfilm)
2016 : Tamara, d'Alexandre Castagnetti
2016 : Adopte un veuf, de François Desagnat
2016 : La Dream Team, de Thomas Sorriaux
2015 : Les Souvenirs, de Jean-Paul Roove
2013 : 20 ans d'écart, de David Moreau
2013 : Des frères et des soeurs, d'Anne Giafferi (Téléfilm)
2012-2014 : WorkinGirls (Série TV)
2011 : Bref (Série TV)
2011 : La part des anges, de Sylvain Monod (Téléfilm)
2011 : Les livres qui tuent, de Denys Granier-Deferre (Téléfilm)
2011 : La Guerre est déclarée, de Valérie Donzelli
2011 : Case départ, de Lionel Steketee, Fabrice Eboué et Thomas Ngijol
2011 : Low Cost, de Maurice Barthélémy
2011 : La Lisière, de Géraldine Bajard
2012 : L'Homme sans nom, de Sylvain Monod
2010 : Happy Few, d'Antony Cordier
2009 : Le Chihuahua de Beverly Hills
2008 : Rien dans les poches, d'Olivier Braumstein (Téléfilm)
© BestImage, JACOVIDES-BORDE-MOREAU
Blanche Gardin incarne l'élégance
Si Léa Seydoux, positive au Covid-19, n'a pu monter les marches pour le film "France", en compétition cette année à Cannes, elle a pu compter sur Blanche Gardin pour représenter la part féminine du film. L'humoriste et comédienne connue pour son ton très libre était vêtue d'une longue robe blanche, ornée de boutons au niveau du buste. Une tenue très élégante, accompagnée d'un collier en or et d'un joli chignon.
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