C'est durant son adolescence que Caroline découvre son homosexualité mais également s'éveille aux questions citoyennes. Dès lors, elle n'aura de cesse de défendre les droits des minorités et se lancera dans une carrière politique. Diplômée de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) en histoire et sociologie, elle est aussi titulaire d'un DESS en communication politique et sociale de la Sorbonne.
Caroline débute le journalisme en 1994, à l'âge de 19 ans, par un stage à France 3 avant d'écrire pour le magazine étudiant gratuit, Transfac. Là, elle rencontre, en 1996, la jeune politologue Fiammetta Venner qu'elle interviewe pour la revue. Cette dernière intègre d'ailleurs la rédaction et ensemble, elles cosignent de nombreux articles. Mais considérées comme "trop militantes", elles seront renvoyées en 1998. Aux côtés de cette dernière, devenue sa compagne, elle se spécialise sur "l'extrême droite catholique" avant de devenir pigiste à L'Evénement du jeudi et d'écrire sur cette thématique. Elle enchaîne ensuite les piges chez Têtu (magazine destiné à la communauté gay) puis chez Golias (magazine catholique de gauche), entre 1996 et 2000.
En 1997, à l'âge de 22 ans, Fourest fonde la revue Prochoix avec Fiammetta Venner, dont elle devient la rédactrice en chef. Continuant les co-publications avec sa compagne, elles intègrent le collectif des "femmes et l'extrême-droite". Défendant le Pacs dès 1998, la militante co-publie l'année suivante, Les Anti-Pacs ou la dernière croisade homophobe, une enquête sur les réseaux anti-Pacs. Quelque temps présidente du "Centre gay et lesbien", un collectif d'associations venant en aide juridiquement à la communauté gay, lesbienne, bi et transsexuelle, elle fait ses débuts sur les plateaux de télévision dans l'émission Public de Michel Field.
La jeune femme, qui aborde le catholicisme sous un angle négatif, commence à s'attaquer aux autres religions en 2001. Aux côtés de son acolyte, elle publie Tirs croisés. La Laïcité à l'épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman en 2003.
Après avoir brièvement collaboré à Charlie Hebdo en 1996, Caroline et Fiammetta s'éloigneront du journal, choquées par un article homophobe. Caroline réécrira cependant pour eux de 2005 à 2009 (elle fait même partie de ceux qui pousse la rédaction à publier les fameuses caricatures de Mahomet) avant de s'opposer à Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle. Parallèlement, elle devient chroniqueuse pour Le Monde et finit par quitter Charlie Hebdo en octobre 2009. Entre 2008 et 2011, on la retrouve dans la matinale de France Culture.
Fourest et Venner publient, en 2011, une "enquête" intitulée Marine Le Pen pour laquelle elles seront condamnées pour diffamation en octobre 2012. Début 2013, elles sont de nouveau condamnées pour diffamation et atteinte à la vie privée à l'encontre de Frédéric Châtillon, lié au Front National. Officiant dès la rentrée 2011 sur France Inter (après avoir quitté France Culture), la jeune femme reçoit un Y'a bon Award (qui récompense les dérapages xénophobes et racistes) : elle menacera dès lors de déposer plainte contre les organisateurs de cette cérémonie.
Vivement critiquée, au sein de même de la communauté gay et lesbienne, Caroline Fourest s'attire les foudres du public lors de la Fête de l'Humanité de 2012 où elle devait intervenir dans un débat contre le FN. Durant les manifestations contre le mariage homosexuel de novembre 2012, elle sera à l'origine d'une contre-manifestation. Provocatrice, la foule se rebellera alors contre elle. Fourest portera plainte le lendemain pour "agression".
Lauréate du prix National de la laïcité (2005), du prix du Livre politique (2006), du prix Jean Zay (2006), du Prix Condorcet-Aron (2008), du prix Adrien Duvant de l'Académie des sciences morales et politiques (2009) et du Prix de la LICRA (2010), Caroline Fourest est faite chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres en 2013 par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Personnalité controversée, la journaliste a également été plusieurs fois condamnée pour diffamation. Elle est aussi réalisatrice de nombreux court-métrages et documentaires illustrant son combat pour la laïcité ainsi que les droits des femmes et des homosexuels.
Côté coeur, la jeune femme partage toujours sa vie avec Fiammetta Venner, de quatre ans son aînée, et continue de militer à ses côtés.
Filmographie :
Soeur Innocenta, priez pour nous !, moyen-métrage documentaire (coréalisé avec Fiammetta Venner)
2004 : Safia et Sarah, (court-métrage, écriture et réalisation)
2008 : Hymen : certifiées vierges (Envoyé spécial)
2009 : La Bataille des droits de l'homme (Arte, 21 avril)
2011 : Des Petits Soldats contre l'avortement (Canal+, 13 avril)
2011 : Marine Le Pen, l'héritière (documentaire coréalisé avec Fiammetta Venner, diffusé sur France 2 le 15 décembre)
2011 : 100 femmes musulmanes se racontent (série documentaire de 20 épisodes sur France 24 depuis le 8 mars, coréalisée avec Fiammetta Venner)
2013 : Nos seins, nos armes ! (documentaire sur Femen coréalisé et écrit avec Nadia El Fani, diffusé sur France 2 le 5 mars)
2013 : Les Réseaux de l'extrême (série documentaire en 4 parties, diffusée sur France 5)
Récompenses :
Prix du scénario du festival Cineffable pour Safia et Sarah
2005 : Prix national de la laïcité pour Tirs croisés. La laïcité à l'épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman
2006 : Prix du livre politique et prix Jean-Zay - Laïcité et République pour La Tentation obscurantiste
2008 : Prix Condorcet-Aron pour la Démocratie (Bruxelles)
2010 : Prix Adrien-Duvand de l'Académie des sciences morales et politiques du "meilleur ouvrage sur l'éducation civique et morale dans une démocratie" pour La Dernière Utopie
2010 : Prix Fetkann
2013 : Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres le 17 janvier
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Caroline Fourest sort un livre sur la laïcité
Surfant sur le sujet de société du moment, l'essayiste a sorti cette semaine "Génie de la laïcité", un livre où elle défend le modèle laïque de la France, expliquant pourquoi il est si différent de celui anglo-saxon. Caroline Fourest y déclare notamment que "la laïcité n'a tué personne, et nous protège tous, les croyants comme les déistes ou les athées". Au micro de France Inter cette semaine, elle a déclenché un début de polémique sur les réseaux sociaux en déclarant : "La France dépense 10 à 11 millions pour des écoles privées catholiques, musulmanes qui enseignent la haine de la République."
Caroline Fourest au Gala contre le racisme au Théâtre du Rond Point des Champs Elysées à Paris, le 2 décembre 2013.
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