Charles Trenet

Garçon issu d'une famille bourgeoise de province, l'enfance de Charles Trenet est marquée par la Première Guerre mondiale (son père est mobilisé) et le divorce de ses parents en 1920. Il apprend la musique grâce à sa mère qui joue du piano, mais aussi à son père, violoniste amateur. Il découvre la poésie grâce à Albert Bausil, figure marquante du Roussillon dans l'Entre-deux-guerres. C'est grâce à ce dernier qu'il développe le goût des jeux de mots, des canulars et de l'art sous toutes ses formes. En 1928, il est renvoyé du lycée et quitte Perpignan pour rejoindre Berlin où vivent sa mère et son second mari. Au début des années 1930, il rejoint Paris où il gagne sa vie comme accessoiriste pour les cinémas Pathé. Il rencontre Antonin Artaud, Jean Cocteau et Max Jacob, et compose ses premières chansons.
En 1933, Trenet forme le duo Charles et Johnny avec son ami le pianiste suisse Johnny Hess, rencontré un an plus tôt au College Inn, un club de jazz. Pendant trois ans, le tandem parcourt les scènes des cabarets de France. En 1936, le service militaire de Trenet marque la fin du duo et le début de sa carrière solo. Cette année-là, il commence à être surnommé le "Fou chantant" et compose ses chansons les plus connues : Y'a d'la joie, Je chante, Fleur bleue. En 1938, il tourne en vedette dans les films La Route enchantée et Je chante. La Seconde Guerre mondiale éclate et Trenet est mobilisé. Pendant l'Occupation, il se consacre essentiellement au cinéma et joue dans six films dont Romancede Paris et Adieu Léonard. Sa carrière cinématographique prendra fin avec la fin de la guerre.
A partir de 1941, il chante aux Folies Bergère, où il interprète des chansons telles qu'Espoir et Douce France, qui résonnent comme des hymnes de la résistance. Il compose La Mer en 1942, mais n'est pas satisfait par ce morceau qui deviendra pourtant quelques années plus tard un de ses grands succès, notamment grâce à l'adaptation anglaise sous le titre Beyond the Sea. Soupçonné d'être un Juif en cavale, il est poursuivi par des agents de la Gestapo qui lui tirent dans la jambe en 1944. Il est hospitalisé et doit retourner vivre chez sa mère. À la Libération, il est soupçonné d'avoir collaboré et comparaît devant la Commission d'épuration pour avoir donné un concert en Allemagne. Condamné à huit mois d'inactivité, il part pour l'Amérique, vogue du Québec à New York en passant par le Brésil et le Canada. Jusqu'en 1954, il enchaîne les concerts à travers le monde et continue d'écrire des chansons.
En 1954, Charles Trenet retourne à Paris où le succès est toujours au rendez-vous, notamment grâce à des chansons comme La Mer, Nationale 7, La Folle Complainte, Moi, j'aime le music-hall, L'Âme des poètes et surtout Le ... Jardin extraordinaire. L'arrivée des yéyé au début des années 1960 ringardise quelque peu sa musique qui s'exprime à nouveau dans les cabarets, comme au début de sa carrière. Il se fait plus discret dans la décennie mais effectue un retour à l'Olympia en 1971, suivi d'une grande tournée mondiale. Affecté par la mort de sa mère en 1979, il s'enferme dans le silence pendant deux ans. Le producteur québécois Gilbert Rozon veut relancer sa carrière et le convainc de revenir sur scène en 1983 à l'occasion du Festival Juste pour rire de Montréal. En 1987, âgé de 74 ans, il obtient un grand succès au Printemps de Bourges. En 1993, il fête ses 80 ans sur scène à l'Opéra-Bastille devant un public nombreux comprenant notamment le Président de la République de l'époque, François Mitterrand.
En 1995, Trenet publie un album de nouvelles chansons. En 1999, il est fait membre de l'Académie des beaux-arts et enregistre sa dernière chanson Les poètes descendent dans la rue en studio, le 5 mars, avec des musiciens de l'Orchestre philharmonique de Radio France, à l'occasion de la première édition du Printemps des Poètes. En novembre, malgré son état de fatigue, il donne son dernier récital à la Salle Pleyel, chantant assis trois soirs de suite. Après une première attaque en 2000, qui l'oblige à se retirer chez lui, Charles Trenet meurt le 19 février 2001 d'un autre accident cardio-vasculaire, à l'âge de 87 ans.
Discographie :
1954 : Mes grands succès (Columbia-EMI)
1955 : Chansons claires : 10 chansons nouvelles (Columbia-EMI)
1959 : Chansons d'aujourd'hui (Columbia-EMI)
1960 : Je rechante mes anciennes chansons en stéréo (Columbia-EMI)
1964 : Mes premières chansons (Columbia-EMI)
1966 : Rachel dans ta maison (Barclay)
1968 : Chansons sans époque (Columbia-EMI, enregistrées en décembre 1964)
1971 : Fidèle (CBS records)
1972 : Joue-moi de l'électrophone (CBS records)
1973 : Chansons en liberté (CBS records)
1976 : Il vend des téléviseurs aux paysans (CBS records)
1981 : Vrai ! Vrai ! Vrai ! (CBS records)
1986 : Forilège' 86 (CBS records)
1992 : Mon coeur s'envole (Warner Music)
1995 : Fais ta vie (Warner Music)
1999 : Les poètes descendent dans la rue (Warner Music)
Filmographie :
1938 : Je chante de Christian Stengel : Charles
1938 : La Route enchantée de Pierre Caron : Jacques Minervois
1941 : Romance de Paris de Jean Boyer : Georges Gauthier
1942 : Frédérica de Jean Boyer : Gilbert Legrant
1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert : Ludovic Malvoisin
1943 : La Cavalcade des heures d'Yvan Noé : Charles
1951 : Bouquet de joie de Maurice Cam : Lui-même
1952 : Giovinezza de Giorgio Pàstina : Cantante
1953 : Boum sur Paris de Maurice de Canonge : Lui-même
1954 : An jedem Finger zehn d'Erik Ode
1957 : C'est arrivé à 36 chandelles de Henri Diamant-Berger : lui-même