Pas facile de trouver ses repères lorsque l'on quitte son pays d'origine en pleine adolescence. Installée avec sa famille à Chanac en Lozère, il lui faut un petit temps d'adaptation avant de sentir pleinement à l'aise. À l'aise, elle l'est dans n'importe quelle situation aujourd'hui. Le sourire jusqu'aux oreilles, Claudia Tagbo croque la vie à pleines dents et nous le fait ressentir.
Soutenue par ses parents, elle quitte donc Alès, dans le Gard, là où elle avait immigrée à ses 15 ans, pour rejoindre la capitale, synonyme de tous les espoirs. Titulaire d'un BEP comptabilité pour assurer ses arrières au cas où le sort en déciderait autrement, Claudia Tagbo enchaîne les petits boulots à Paris, de femmes de chambre à baby-sitter, tout en suivant des cours en Arts du Spectacle à l'Université Paris-VIII. Elle en ressort avec une maîtrise en poche. Une belle revanche pour celle qui avait échoué au concours d'entrée du Conservatoire de Montpellier.
Nourrie pendant ses études aux pièces de théâtre, tant classiques que contemporaines, ainsi qu'aux spectacles vivants, elle rejoint l'autre côté de la scène dès le début des années 2000, officiant notamment comme choriste dans deux groupes. Et dès 2002, c'est le cinéma qui fait appel à elle. Apparue dans "La Valse des gros derrières" de Jean Odoutan, elle s'illustre plus particulièrement à la télévision, dans des séries comme "Le Tuteur", "Tongs et Paréo", "Clem" et surtout "RIS police scientifique", jouant de 2005 à 2010 le rôle du lieutenant Martine Forest.
Tout en perçant à la télévision, la touche-à-tout rejoint la célèbre troupe du Jamel Comedy Club en 2006, véritable berceau des nouveaux talents de l'humour. Deux ans plus tard, elle part en tournée dans toute la France avec ses acolytes, Fabrice Eboué et Thomas Ngijol en tête. Il faut dire qu'elle ne passe pas inaperçue, les femmes étant peu présentes sur la scène de l'humour à l'époque et encore moins des femmes de couleur avec des courbes généreuses. Bien dans ses baskets, la trublionne va dégager une énergie telle sur scène, qu'en écoutant ses vannes on se dit que l'humour n'a pas de codes quand le talent est là.
Véritable tremplin pour sa carrière d'humoriste, le Jamel Comedy Club lui ouvre la porte à un premier one-woman-show, "Claudia Comedy Gospel", mis en scène par Fabrice Eboué en 2011. "Nous les femmes...", son sketch dans lequel elle reprend, à la façon de Florence Foresti, les drôles de différences entre les hommes et les femmes, devient culte. L'année suivante, Fabrice Eboué est toujours de la partie pour son deuxième spectacle, "Crazy". Un sprint d'une heure où le chant et la danse viennent mettre leur grain de sel.
Cette année-là marque également son ascension dans le cinéma français. Présente en effet dans les deux comédies à succès de l'année 2012, "Les Seigneurs" et "Le Crocodile du Botswanga", la comédienne gagne davantage en visibilité par la suite, notamment grâce à ses participations dans "Amour sur place ou à emporter" (2013) de son ancienne partenaire au Jamel Comedy Club, Amelle Chahbi, et "Supercondriaque" (2014) de Dany Boon.
Décrite comme la "tornade noire" dans la presse, la pile électrique déclenche des vagues de rires mais surtout un vent de générosité à chacun de ses passages sur scène ou dans les médias. Se moquant souvent des autres et surtout d'elle-même, elle le fait toujours avec bienveillance. Rire de tout avec Claudia Tagbo ? Évidemment. Rire partout ? On dirait bien que oui et même sur les terrains de handball, la comédienne étant officiellement nommée ambassadrice phénoménale du Championnat du monde de handball 2017.
Filmographie :
2016 : Les Ex, de Maurice Barthélémy
2016 : Clem (Série TV)
2016 : C'est quoi cette famille ?, de Gabriel Julien-Laferrière
2015 : Je suis à vous tout de suite, de Baya Kasmi
2015 : Merci pour tout Charles, d'Ernesto Ona
2014 : Workingirls (Série TV)
2014 : Supercondriaque, de Dany Boon
2013 : C'est la crise (Série TV)
2013 : Amour sur place ou à emporter, d'Amelle Chahbi
2013 : Bon rétablissement !, de Jean Becker
2012 : Nos chers voisins (Série TV)
2012 : Le Crocodile du Botswanga, de Fabrice Eboué et Lionel Steketee
2012 : Les Seigneurs, d'Olivier Dahan
2012 : Manipulations, de Laurent Herbiet
2012 : Une Estonienne à Paris, d'Ilmar Raag
2011 : United Colors of Jean-Luc (Série TV)
2011 : Aya de Yopugon, de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (Film d'animation)
2011 : Le Client, d'Arnauld Mercadier
2010 : Camping Paradis (Série TV)
2010 : A vos caisses !, de Pierre Isoard
2010 : Au bas de l'échelle, d'Arnauld Mercadier
2010 : Le Sentiment de la chair, de Roberto Garzelli
2005-2010 : R.I.S. Police Scientifique (Série TV)
2009 : Clem (Série TV)
2009 : Tongs et Paréo (Série TV)
2008 : Ca$h, d'Eric Besnard
2008 : Sexe, gombo et beurre salé, de Mahamat-Saleh Haroun
2007 : Chrysalis, de Julien Leclercq
2006 : Le Tuteur (Série TV)
2005 : Congorama, de Philippe Falardeau
2002 : La Valse des gros derrières, de Jean Odoutan
© Abaca, Domine Jerome
Claudia Tagbo, son arme contre le cancer ? Le rire !
Même dans les situations les plus difficiles, l'humoriste Claudia Tagbo s'efforce de garder le sourire. C'est sur le divan de Frédéric Lopez, dans l'émission La Parenthèse inattendue que la jeune femme révélait en 2013 s'être battue contre le cancer. Pourtant, à cette époque, la comédienne franco-ivoirienne ne laisse rien paraître et continue de faire rire la galerie. "Je traversais un truc assez hard, un cancer du sein. Pendant tout ce temps où tout le monde rigole, que je fais rigoler... que ce pull rouge est magnifique, en dessous, il y a des bandages", déclarait-elle, avant de conclure, toujours avec le sourire : "Mais c'est la vie, ça s'est fini il n'y a pas longtemps puisque je suis passée à la phase réparatrice."
Claudia Tagbo pose pour le photocall de "Bon rétablissement !" lors du 7e Festival d'Angoulême, le 24 août 2014.
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