Le jeune Gaston grandit au sein d'une famille juive dans l'Algérie française des années 1940. Son père, Sylvain Ghrenassia, est violoniste dans l'orchestre de Raymond Leyris, alias Cheikh Raymond, icône du malouf, une musique aux origines arabo-andalouses très populaire dans la région de Constantine. Gaston apprend la guitare aux côtés d'amis gitans qui le surnomme "petit Enrico" et intègre à 15 ans l'orchestre de Cheikh Raymond. Même si la musique est sa véritable passion, il se tournera vers l'enseignement et deviendra instituteur, ce qui ne l'empêchera pas de continuer la musique aux côtés de son mentor "Tonton Raymond".
En juin 1961, à Constantine, ce dernier est assassiné. La guerre d'Algérie et la mort de cet homme symbolisant l'échange entre les diverses communautés du pays convainc la famille Ghrenassia de quitter l'Algérie pour la France le 29 juillet 1961. Enrico allait pourtant épouser Suzy, la fille de Cheikh Raymond. Au cours de sa traversée nostalgique de la Méditerranée, il compose à la guitare J'ai quitté mon pays, qui deviendra son premier single un an plus tard sous le nom d'Enrico Macias. Ce nom résulte d'une erreur de la secrétaire de la maison de disques qui a mal compris le patronyme du chanteur, qui lui souhaitait se faire appeler "Nassia".
Installé à Argenteuil, Enrico Macias multiplie les représentations dans les cabarets parisiens. Il se fait notamment connaître en assurant la première partie d'un concert de Gilbert Bécaud, puis en apparaissant dans un reportage sur l'exil des Pieds-Noirs, dont sa chanson Adieu mon pays devient un symbole. Sa carrière décolle d'emblée et le succès est au rendez-vous au milieu des années 1960. Il se produira régulièrement à l'Olympia au cours des années suivantes. Au fil de sa carrière, il devient un chanteur pour la paix, grâce à ses chansons sur le dialogue entre les communautés. En 1976, il remporte un Disque d'or pour l'album Mélisa. Deux ans plus tard, il est invité par le président Anouar el-Sadate à se produire en Egypte. Un concert symbolique qui réunit plus de vingt mille spectateurs arabes.
En 1980, l'ONU décerne à Enrico Macias le titre de "chanteur de la paix", saluant son combat pour le dialogue entre les communautés. En 1981, quand Sadate est assassiné, il compose en son honneur le titre Un berger vient de tomber. Dans les années 1990, le succès se poursuit pour ce chantre des musiques orientales. En 1999, il présente au Printemps de Bourges un hommage musical à Cheikh Raymond, qui débouche à un double album live chanté en arabe.
Après plusieurs décennies d'exil, Enrico Macias publie un récit en 2001, Mon Algérie, en forme d'hommage à son pays natal. En 2003, il sort Oranges amères, un album supervisé par son fils, le producteur Jean-Claude Ghrenassia, et qui renoue avec les sonorités orientales de ses débuts. En 2010, il poursuit la collaboration avec son fils sur un nouvel opus, Voyage d'une mélodie. L'année 2015 symbolise un nouveau retour du chanteur avec l'autobiographie L'envers du ciel bleu, dans laquelle il évoque notamment son combat pour la paix dans le conflit israélo-palestinien. En février 2016, il sort l'album Les Clefs, qui rend une nouvelle fois hommage à Cheikh Raymond.
Discographie :
2016 : Les Clefs
2011 : Voyage d'une mélodie
2006 : La vie populaire
2003 : Oranges amères
1995 : Et Johnny chante l'amour
1993 : A Suzy
1991 : Enrico
1989 : Macias
1986 : Mon chanteur préféré
1984 : Générosité
1983 : Un homme comme toi
1981 : Un berger vient de tomber
1980 : La France de mon enfance
1979 : La poésie de la Méditerranée
1977 : Aimez vous les uns les autres
1975 : Mélisa
1973 : Un homme a traversé la mer
1971 : Un grand amour
1969 : Bravo Enrico
1968 : Un rayon de soleil
1966 : 12 nouvelles chansons
1963 : Un soir d'été
Filmographie :
2012 : La Vérité si je mens 3, de Thomas Gilou : Maurice Boutboul
2011 : Bienvenue à bord, de Éric Lavaine : lui-même
2009 : Coco, de Gad Elmaleh : le couturier
2006 : Un ticket pour l'espace, d'Éric Lartigau : voix de l'ordinateur
2001 : La Vérité si je mens 2, de Thomas Gilou : Maurice Boutboul
1965 : L'Esbrouffe, de Philippe Clair : lui-même
© Abaca, Domine Jerome
Enrico Macias : une histoire de conte de fée
Il pourrait presque s'agir d'une histoire de conte de fée, mais c'est une réalité qui a bouleversé le chanteur Enrico Macias. Une jeune fille, plongée dans le coma depuis quatre ans, se réveille un jour après avoir entendu une chanson de l'artiste résonner dans sa chambre d'hôpital. "Cette histoire est unique, s'émeut Enrico Macias dans Le Parisien, le 2 février 2021. Quand son père me l'a racontée les larmes aux yeux, j'ai cru à un fantasme de fan. Mais je me suis renseigné et je sais que c'est vrai."
Enrico Macias lors de la première de Raid Dingue au Pathé Beaugrenelle à Paris, le 24 janvier 2017.
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