Fela Kuti
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Grand saxophoniste et roi de l'afrobeat, cette passerelle musicale entre l'Afrique et l'Occident, Fela Anikulapo Kuti était aussi un opposant politique acharné au régime militaire du Nigeria, grand détracteur du néocolonialisme et fervent défenseur des cultures traditionnelles de son continent. À travers sa musique, qui résonne encore près de vingt ans après sa mort, et celle de sa propre filiation, qui perpétue son riche héritage, celui que l'on surnomme Black President demeure, intemporel.
Fela
Ransonme-Kuti,
de
son
nom
originel,
naît
le
15
octobre
1938
à
Abeokuta,
capitale
de
l'État
d'Ogon
au
Nigeria.
Son
père,
le
révérend
Ransome-Kuti,
est
un
pasteur
protestant.
Sa
mère,
Funmilayo,
est
une
activiste
politique
féministe.
Aussi
le
petit
grandit-il
parmi
les
élites
pro-indépendantistes,
mais
également
au
son
de
la
musique.
Enfant,
il
apprend
le
piano
comme
son
père,
joue
des
percussions
et
chante
à
la
tête
de
la
chorale
de
son
école.
Un
apprentissage
musical
qu'il
souhaitera
poursuivre
le
temps
venu
de
faire
ses
études
supérieures
:
alors
que
ses
parents
l'envoient
à
ses
20
ans
à
Londres
pour
étudier,
comme
ses
frères,
la
médecine,
lui
préfère
s'inscrire
au
Trinity
College
Of
Music.
Il
découvre
alors
la
musique
classique
et
des
artistes
de
jazz
américains
légendaires
comme
Miles
Davis
et
John
Coltrane.
Empruntant
à
ce
dernier
son
instrument
fétiche,
le
saxophone,
Fela
Kuti
fonde
un
premier
groupe
dénommé
Koola
Lobitos.
Accompagné
notamment
d'un
certain
Tony
Allen
à
la
batterie,
sa
musique
est
fortement
influencée
par
le
jazz
et
le
highlife,
auxquels
s'ajoutera
un
mélange
de
funk,
de
salsa,
de
calypso
et
autres
sonorités
africaines.
C'est
la
création
d'un
nouveau
genre,
celui
que
le
Nigérian
appellera
lui-même
"afrobeat"
en
1967,
qui
se
caractérisera
bientôt
par
des
morceaux
-
parfois
longs
de
vingt
minutes
-
chargés
de
messages
politiques
virulents.
Mais
avant
d'en
arriver
là,
l'artiste
doit
effectuer
un
voyage
qui
sera
pour
lui
une
véritable
révélation...
À
la
fin
des
années
1960,
il
effectue
un
séjour
aux
Etats-Unis,
où
il
rencontre
quelques
activistes
du
mouvement
Black
Panther.
Celui
qui
avouera
qu'"être
Africain
ne
voulait
rien
dire"
pour
lui
jusque-là,
précisant
que
les
enfants
à
son
époque
n'avaient
"pas
le
droit
de
parler
(leurs)
propres
langues
à
l'école
(...)
comme
si
l'Anglais
était
la
seule
vraie
langue",
prend
alors
conscience
non
seulement
de
l'ampleur
du
néocolonialisme,
mais
aussi
de
l'importance
d'un
panafricanisme.
Aussi
change-t-il
le
nom
de
son
groupe,
qui
devient
Afrika
70,
comme
son
deuxième
prénom.
Au
lieu
de
son
appelation
"d'esclave",
Ransome,
il
choisit
le
terme
Anikulapo
qui
signifie
"celui
qui
tient
la
mort
dans
un
sac",
clamant
haut
et
fort
:
"Je
serai
le
maître
de
mon
propre
destin
et
je
déciderai
quand
il
sera
temps
pour
la
mort
de
s'emparer
de
moi."
De
retour
au
Nigeria,
il
ouvre
un
club
dénommé
le
Shrine.
Peut-être
comme
un
héritage
de
son
père
révérend,
"shrine"
signifiant
"lieu
saint"
an
Anglais,
celui-ci
prend
parfois
des
airs
de
culte
tant
l'ambiance
est
électrique
quand
Fela
Anikulapo
Kuti
entre
en
scène,
vêtu
aux
couleurs
locales
si
ce
n'est
torse
nu,
marqué
par
des
traits
de
peinture
indigènes
sur
le
visage,
pour
se
donner
en
concert
la
nuit
durant
et
porter
des
messages
révolutionnaires.
Accompagné,
toujours,
d'une
large
troupe
de
musiciens,
chanteuses,
danseuses
et
autres
disciples,
il
forme
ce
qu'il
appelle
la
Kalakuta
Republic,
sur
laquelle
il
règne
en
grand
manitou
de
la
musique
mais
aussi
en
bienfaiteur
des
opprimés.
Déjà
vu
d'un
mauvais
oeil
par
les
élites,
qui
ne
manquent
pas
de
juger
son
mode
de
vie
et
notamment
sa
consommation
de
stupéfiants,
celui
qui
souhaite
rejeter
publiquement
les
valeur
chrétiennes
occidentales
en
choque
plus
d'un
lorsqu'il
choisit
la
polygamie
:
déjà
marié
à
Remi
depuis
son
séjour
en
Angleterre,
il
épouse
en
1978
vingt-sept
autres
femmes.
D'un
coup.
Mais
finira
toutefois
par
toutes
les
divorcer
huit
ans
plus
tard...
Pour
ses
nombreuses
provocations
et
critiques
portées
dans
des
chansons
comme
Zombie,
qui
se
moque
de
l'obéissance
absurde
des
soldats,
celui
qui
se
fait
le
représentant
du
peuple
laissé
pour
compte
est
régulièrement
pris
pour
cible
par
le
gouvernement
militaire
du
Nigeria.
Le
féroce
opposant
au
régime
dérange,
aussi
est-il
est
souvent
tabassé
et
arrêté
par
les
forces
de
l'ordre.
En
tout
et
pour
tout,
Fela
Kuti
finira
quelque
200
fois
derrière
les
barreaux
au
cours
de
sa
vie,
bien
que
sur
des
motifs
prétextes
qui
ne
permettent
généralement
pas
de
l'emprisonner
bien
longuement
...
Plusieurs fois, lui et son entourage frôlent la mort. Notamment un 18 février 1977... Excédé par les paroles d'insurrection de l'artiste, qui résonnent par ailleurs dans toute l'Afrique, le Général Obasanjo - arrivé au pouvoir par coup d'État - ordonne la mise à feu et à sang de Kalakuta. Parmi les nombreuses violences perpétrées ce jour-là par un millier de soldats : la défenestration de la mère de l'artiste, qui entraîne sa mort à 82 ans. Plus outrés qu'intimidés, Fela Kuti et ses partisans déposent son cercueil devant les grilles du gouvernement militaire. Une image que l'on retrouve trois ans plus tard sur la jaquette de l'album intitulé "Coffin For Head of State" ("Un cercueil à la tête de l'Etat"), alors que le génie de l'afrobeat s'est lui-même présenté à la présidentielle en 1979 via son parti Movement of the People (dont l'acronyme, MOP, signifie en Anglais "serpillière"...).
Celui que l'on surnomme "Black President" ne sera jamais élu, et au contraire continuera de subir les sanctions du régime. Il s'attire notamment de nouveaux ennuis quelques années plus tard en critiquant ouvertement le président Muhammadu Buhari - lui aussi arrivé au pouvoir par coup d'État. Aussi entame-t-il en 1986 sa plus longue incarcération : il ne sera libéré qu'après dix-huit mois grâce aux efforts d'Amnesty International - et à l'occasion d'un nouveau coup d'État - s'empressant alors d'écrire une nouvelle chanson, Beasts of No Nation, dans laquelle il compare celui qui l'a fait emprisonné à un animal... Après quoi Fela Kuti met le cap sur l'Occident. Aux États-Unis, il joue une série de concerts organisés par l'organisation de défense des droits de l'Homme, aux côtés d'artistes aussi célèbres que U2, Sting, Peter Gabriel ou encore Lou Reed. De passage en France, il participe notamment à la Fête de l'Humanité, puis rentre au Nigeria.
Finalement abattu par ses combats, ses excès, et surtout accablé par le sida, le chanteur passe le reste de sa vie au calme, s'accordant toutefois encore quelques concerts au Shrine. Le 2 août 1997, il meurt d'une complication de la maladie, à 58 ans, laissant derrière lui sept enfants. Deux d'entre eux vont reprendre le flambeau et bientôt faire revivre son riche héritage musical : Seun reprend la tête de son groupe, depuis renommé Egypt 80, et Femi devient cet artiste mondialement reconnu grâce à des tubes comme Beng Beng Beng. C'est par ailleurs grâce à une comédie musicale triomphale, Fela!, produite sur Broadway par Jay-Z, Will et Jada Pinkett Smith, que les nouvelles générations découvrent Fela Anikupalo Kuti. Cette légende de l'afrobeat, qui aura définitivement marqué l'Histoire de la musique et même celle de l'Afrique.
Discographie :
1992 : Underground System
1989 : O.D.O.O.
1989 : Beasts of No Nation
1986 : Teacher Don't Teach Me Nonsense
1984 : Army Arrangement
1980 : Coffin For Head Of State
1980 : Original Sufferhead
1980 : Authority Stealing
1980 : Music Of Many Colors
1979 : Unknown Soldier
1979 : International Thief Thief
1978 : Shuffering and Shmiling
1977 : Opposite People
1977 : Zombie
1977 : Fear Not For Man
1977 : No Agreement
1977 : Stalemate
1977 : JJD (Johnny Just Drop)
1977 : Sorrow Tears and Blood
1976 : Unnecessary Begging
1976 : Upside Down
1976 : Ikoyi Blindness
1976 : Yellow Fever
1976 : Kalakuta Show
1976 : Na Poi
1975 : Everything Scatter
1975 : He Miss Road
1975 : Expensive Shit
1975 : Noise For Vendor Mouth
1975 : Excuse O
1975 : Monkey Banana
1974 : Confusion
1973 : Alagbon Close
1973 : Gentleman
1973 : Afrodisiac
1972 : Shakara
1972 : Roforofo Fight
1971 : Open & Close
1971 : London Scene
1971 : Why Black Man Dey Suffer
1969 : The '69 LA Sessions