Frankie Goes To Hollywood

Frankie Goes To Hollywood©Getty Images, Dave Hogan/Hulton Archive

"Relax/ Don't Do It/ When you want to come". Si aujourd'hui le plus gros tube de Frankie Goes to Hollywood ne choque plus personne, à l'époque de sa sortie, en octobre 1983, le morceau Relax fait office de raz-de-marée au Royaume-Uni, qui crie au scandale à la vue de cet hymne au plaisir et son clip tourné dans un club sadomasochiste. La BBC, qui censurera le morceau ainsi que sa vidéo, ne le sait pas à ce moment-là, mais Relax s'apprête à devenir un tube planétaire dont elle sera en partie responsable !

Le buzz est en effet tel qu'un merchandising ciblé, à coups de t-shirts "Frankie says... Relax", et un battage médiatique autour du clip viennent agrémenter la polémique et font décoller les ventes : le titre s'écoule à 2 millions d'exemplaires en Angleterre, se classe numéro 1 en Allemagne, en Espagne, en France, en Italie ou encore en Suisse et se voit sacré meilleur single britannique aux Brit Awards en 1985. Quelle histoire ! Mais la notoriété de FGTH ne repose pas uniquement sur Relax, qui a certes érigé le groupe en symbole de la culture gay et en chef de file de la new wave.

Sa force de frappe, le quintet la doit en effet d'abord à Holly Johnson, l'homme qui se cache derrière la création du groupe en 1982. Après avoir fait ses armes chez Big in Japan, une formation de Liverpool avec qui il sortira un single, Johnson tombe sur un titre d'article du New Yorker évoquant le voyage de Frank Sinatra à Hollywood et a l'idée du nom, donc, de Frankie Goes to Hollywood. Mais pas de groupe sans musiciens alors le chanteur rassemble des compagnons de route qu'il avait croisés à Liverpool : Mark O'Toole à la basse, Jed, son frère, à la guitare, Peter "Ped" Gill à la batterie et Sonya Mazumder à la deuxième voix.

Ensemble, ils donnent leur premier concert dans un pub de Liverpool, en première partie de Hambi and the dance. Concert qui marque le départ de Mazumder, que Paul Rutherford vient remplacer. Cette première performance, couplée à quelques apparitions télévisées (notamment dans Top of the Pops) et radiophoniques, permet à la formation de se faire repérer par le label Arista Records. Si ce dernier est d'abord intéressé par deux de ses morceaux, le fameux Relax et Two Tribes, le projet tombe finalement à l'eau. Frankie Goes to Hollywood récupère néanmoins ses masters et vidéo-clips pour l'aider dans sa quête d'une nouvelle maison de disque. En vain. Jusqu'à l'arrivée d'un homme qui va complètement bouleverser son destin : Trevor Horn.

Ancienne moitié du duo pop The Buggles, Trevor Horn vient tout juste de fonder son premier label, ZZT Records (pour Zang Tum Tuum Records) avec Paul Morley, ancien journaliste de la presse rock anglaise et future cheville ouvrière de FGTH (les t-shirts "Frankie says", c'est lui), ainsi que Gary Langan et Jill Sinclair. La fine équipe, qui vient tout juste de signer deux contrats avec les groupes Art of Noise et Propaganda, décide unanimement que le troisième sera destiné à ces cinq gamins de Liverpool. Ils entrent en studio à la fin de l'année 1983 mais le caractère (très) exigeant de Horn va leur réserver de petites surprises.

En effet, malgré leurs efforts pour se plier aux exigences musicales de leur mentor, Trevor Horn finit par ne conserver que ... les enregistrements vocaux de Johnson, insatisfait des performances du reste du groupe. C'est donc à sa façon, bien aidé d'ingénieurs du son du label, qu'il façonne ce qui sera le premier album de FGTH : "Welcome to the Pleasuredome". Un album sur lequel les cinq membres ne seront donc réunis que sur la pochette... Mais qu'importe les conditions dans lesquelles l'opus a été enregistré, dès le 24 octobre 1973, son premier single, Relax, envahit les ondes. Jusqu'à sa censure par la BBC. Puis son explosion dans les boîtes de nuit où le clip, diffusé clandestinement, devient l'évènement de la soirée. En 1984, le titre figure même sur la bande originale de "Body Double" de Brian De Palma.

Le deuxième single de "Welcome to the Pleasuredrome", Two Tribes, ne va pas non plus passer inaperçu. Écrit pour faire écho au boycott des Jeux Olympiques de Los Angeles par l'URSS, le clip met en scène un combat à mort entre Ronald Reagan et Leonid Brejnev, se donnant en spectacle dans une arène en folie comme deux gladiateurs au temps des romains. Nouveau scandale donc et... nouveau succès ! Le titre se classe à la première place des charts pendant neuf semaines consécutives.

Suivra The Power of Love, un troisième single écrit à l'origine par Holly Johnson dans un journal que son père lui avait offert et placé sous le signe de la sagesse, le morceau évoquant le thème de l'amour divin. Mais, pensé par la maison de disque comme un tube de noël, The Power of Love se fera rapidement chassé des charts anglais par un vrai tube enneigé, Do They Know It's Christmas ? de Band Aid. À savoir qu'à la base, Top of the Pops, la célèbre émission qui a valu à Frankie Goest to Hollywood de se faire repérer par Horn, ne voulait pas diffuser le clip car le groupe n'y apparaissait à aucun moment... contrairement à la Vierge Marie. Un cadre doré dans lequel apparait le quintet sera alors incrusté à la vidéo. Mise à part ces trois singles, l'album contient le pop The only star in heaven, le slow The Ballad of 32 ainsi qu'une poignée de reprises dont celle du Born to run de Bruce Springsteen.

En 1986, FGTH se remet au travail dans un studio des Pays-Bas où va naître son deuxième album "Liverpool". Mais malgré des arrangements musicaux toujours léchés, un univers toujours aussi travaillé et une campagne médiatique très onéreuse, les ventes ne décollent pas. Le premier single, Rage Hard, rencontre un petit succès, toutefois en rien comparé à ses prédécesseurs. Le flop de "Liverpool" entraîne alors le groupe vers une fin annoncée. Pas plus tard qu'en 1987, Holly Johnson et Trevor Horn se disputent et font éclater la formation.

Depuis, Johnson s'est lancé dans une carrière solo jusqu'à son retrait de la scène musicale en 1991 après avoir été déclaré séropositif. Quant à Frankie Goes to Hollywood, il continue de vivre à travers des best-of ("Bang !", "Reload !", "Maximum Joy") et autres apparitions occasionnelles d'une partie du groupe, comme en 2005 lors de la tournée "Frankie says Relax - Do it again". En 2017, Relax se mêle à Iggy Pop, Blondie, les Clash et Queen dans la bande originale de "T2 Trainspotting", la suite du film culte de Danny Boyle.

Discographie :

1986 : Liverpool
1984 : Welcome to the Pleasuredome

Vos réactions doivent respecter nos CGU.