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Jane Birkin
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À la fois handicapée et sollicitée à cause ou grâce à son foutu accent anglais comme elle se plait à le dire, Jane Birkin, née Jane Mallory, savait dès le départ qu'elle ne ferait pas une grande carrière au cinéma. On ne sait pas ce qu'elle entend par "grande carrière", car la grande brindille a derrière elle un honorable tableau filmographique s'étalant de la fin des années 1960 à aujourd'hui, et comprenant des collaborations avec des pointures du cinéma français comme Jacques Rivette, Claude Zidi, Jean-Pierre Mocky ou encore Agnès Varda.
Nous sommes en 1964 lorsque cette descendante de Charles II, roi d'Angleterre et d'Ecosse et petite-nièce de Freda Dudley Ward, qui fut la maîtresse d'Edouard VIII, roi de Grande-Bretagne et Prince de Galles, décroche son premier rôle au cinéma dans "Le Knack... et comment l'avoir". Sous sa frange et son minois de fille fragile, Jane Birkin y campe le petit rôle de l'une des filles de Tolen (Ray Brooks), que l'on aperçoit brièvement sur une grosse cylindrée. La comédie repartira avec la Palme d'or en 1965.
Le film de l'Américain Richard Lester remporte un franc succès et la carrière de Jane Birkin est lancée. Dès lors, elle enchaîne avec le troublant "Blow Up" (1966), Palme d'or signée Michelangelo Antonioni. Prise pour le rôle après que ce dernier ait testé ses aptitudes à pleurer devant la caméra, elle ne sait pas si elle doit accepter à cause de la scène de nue et consulte alors son compagnon de l'époque, le compositeur anglais John Barry - avec qui elle aura une fille, Kate Barry, célèbre photographe.
"Toi qui éteins les lumières à chaque fois que tu te déshabilles, tu n'auras jamais le courage de jouer une scène de nue même chez l'un des plus grands metteurs en scène du monde" lui réplique-t-il. Il n'en faudra pas plus à la pudique de nature mais pas moins peureuse pour accepter le rôle. Les spectateurs la découvrent alors en baby doll blonde apeurée par le photographe habité par David Hemmings. À sa sortie en Grande-Bretagne le film, qui montre pour la première fois sur grand écran des corps féminins dénudés, fait scandale mais accroit la notoriété de notre jeune comédienne.
Deuxième film et deuxième Palme d'or, l'Anglaise est bien partie pour suivre les pas de sa mère, grande comédienne de théâtre qui se permettait de refuser un rôle avec Peter O'Toole car les dialogues ne lui plaisaient pas. Mais peu présente à la maison, c'est avec son père David, un ancien héros de la Seconde Guerre Mondiale commandant à bord de la Royal Navy, qu'elle passera le plus clair de son temps et façonnera la militante des droits de l'Homme que l'on connait aujourd'hui.
Après quoi, lorsqu'elle débarque en France en 1968, elle qui avait déjà marché à Londres contre la peine de mort, poursuit sa lutte sans se poser de questions. Célèbre sur le sol britannique, les Français n'ont jamais entendu parler d'elle, si ce n'est comme la compagne de John Barry qu'elle a épousé un an auparavant. Mariage qui ne fera pas long feu lorsque l'actrice va tenter sa chance pour le film "Slogan" (1968) sur le tournage duquel se trouve Serge Gainsbourg, quant à lui déjà très célèbre en France depuis dix ans. Si, au début, ils ne s'entendaient pas, ils finirent par se mettre en couple. De cette union est née Charlotte Gainsbourg en 1971.
Durant deux ans, elle met sa carrière déjà riche - elle a tourné entre-temps avec Alain Delon et Romy Schneider dans "La Piscine" (1969) de Jacques Deray - entre parenthèses. De retour sur la scène cinématographique en 1973, elle incarne l'amant de Brigitte Bardot dans "Don Juan ou si Don Juan était une femme" avant de faire fureur dans deux comédies populaires françaises signée Claude Zidi et portées par le gaffeur Pierre Richard : "La moutarde me monte au nez" (1974) où elle est la starlette pas si bête Jackie et une coiffeuse au fort tempérament dans "La Course à l'échalote" (1975).
D'ailleurs, comme Pierre Richard, on peut dire que Jane Birkin avant d'être une actrice est une silhouette, un corps qui dit déjà beaucoup du personnage avant même qu'il ne bouge les lèvres. Frêle et délicat, celui de Jane se mue tantôt en baby doll à qui l'on ne veut pas faire de mal, tantôt en femme fatale. On l'a connu cheveux longs jusqu'aux fesses et cheveux courts à la garçonne, sous des mini-jupes et dans des pulls marins, la frange effrontée jusqu'aux cils, les petites lunettes rondes de la sagesse. En somme, une femme multiple qui n'en finira jamais de nous surprendre.
L'année suivante, elle incarne le personnage principal dans le tout premier film du pluridisciplinaire Serge Gainsbourg, "Je t'aime... moi non plus". Malgré le scandale du sujet, traitant de la sexualité et de la sodomie, Jane Birkin reçoit une nomination au César de la meilleure actrice. C'est à cette même époque qu'elle quitte celui qui fût son mentor et son compagnon de route après dix ans de relation.
En 1980, elle devient la compagne du réalisateur Jacques Doillon, qui vient de la faire tourner dans son film "La Fille prodigue" et lui permettra de recevoir une autre nomination au César de la meilleure actrice avec "La Pirate" (1984). Leur unique fille, la chanteuse Lou Doillon, voit le jour en 1982, année où son premier mari remporta d'ailleurs deux Oscars. Coeur d'artichaut, elle le quitte finalement dix ans après la naissance de Lou, et part fréquenter l'écrivain Oliver Rolin.
Si les années 1990 sont plus silencieuses au cinéma - mise à part des rôles oubliables chez Jacques Rivette, Jean-Pierre Mocky, Agnès Varda et Alain Resnais - Jane Birkin en profite pour justement élever la voix ailleurs que chez Amnesty International ou le Téléthon. Derrière un micro. Déjà auteure de six albums parus entre 1969 et 1987, avec Gainsbourg à l'écriture et la composition, l'ex fan des sixties frappe un grand coup en 1990.
L'opus "Amours des feintes" la sacre en effet deux ans plus tard Artiste féminine de l'année aux Victoires de la musique. Six ans plus tard, la chanteuse de La Gadoue reprend des morceaux méconnus de son ancien mari défunt dans "Version Jane", avant de proposer son premier opus ne contenant aucun titre de lui : "A la légère" (1999). Suivront "Rendez-vous" en 2004, "Fictions" en 2006 et "Enfants d'hiver" en 2008. En mars 2017 elle propose l'album "Gainsbourg Birkin le symphonique", dans lequel elle s'accompagne d'un orchestre symphonique.
Dans ces mêmes années 2000, la touche-à-tout s'essaie à la réalisation avec "Boxes" (2007), quand elle ne se glisse pas chez Carine Tardieu ("La Tête de maman"), Jacques Rivette ("36 vues du pic Saint-Loup") ou Benoît Pété pour la comédie légère "Thelma, Louise et Chantal" (2010), avec Caroline Cellier et Catherine Jacob. Pour "Boxes", Jane Birkin dirige les acteurs Geraldine Chaplin, fille de, comme elle, et Michel Piccoli.
Fortement autobiographique, elle s'y octroie un petit rôle de même qu'à sa fille Lou Doillon car chez les Birkin/Gainsbourg/Doillon, le cinéma est définitivement une affaire de famille. Conjuguée certes au pluriel singulier mais une histoire de famille quand même.
Filmographie :
Actrice
2014 : Bleu catacombes, de Charlotte Brandström (Téléfilm)
2013 : Quai d'Orsay, de Bertrand Tavernier
2012 : Venir au monde, de Sergio Castellitto
2012 : Hiver rouge, de Xavier Durringer (Téléfilm)
2011 : Si tu meurs, je te tue, d'Hiner Saleem
2010 : Thelma, Louise et Chantal, de Benopit Pétré
2009 : 36 vues du pic Saint-Loup, de Jacques Rivette
2006 : Les aventures des mers du Sud, de Daniel Vigne (Téléfilm)
2006 : La Tête de Maman, de Carine Tardieu
2006 : Boxes, de Jane Birkin
2003 : Mariées mais pas trop, de Catherine Corsini
2002 : Merci Docteur Rey, d'Andrew Litvack
2001 : Reines d'un jour, de Marion Vernoux
2001 : Ceci est mon corps, de Rodolphe Marconi
1999 : The Last September, de Deborah Warner
1998 : La fille d'un soldat ne pleure jamais, de James Ivory
1997 : On connait la chanson, de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui
1995 : Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, d'Agnès Varda
1995 : Noir comme le souvenir, de Jean-Pierre Mocky
1991 : La Belle Noiseuse, de Jacques Rivette
1990 : Daddy nostalgie, de Bertrand Tavernier
1987 : Soigne ta droite, de Jean-Luc Godard
1988 : Jane B. par Agnès V., d'Agnès Varda
1987 : Kung-Fu Master, d'Agnès Varda
1987 : Comédie !, de Jacques Doillon
1986 : La Femme de ma vie, de Régis Wargnier
1985 : Dust, de Marion Hänsel
1985 : Le Neveu de Beethoven, de Paul Morrissey
1984 : Le Garde du corps, de François Leterrier
1984 : La Pirate, de Jacques Doillon
1983 : L'Amour par terre, de Jacques Rivette
1983 : Circulez y a rien à voir, de Patrice Leconte
1983 : L'Ami de Vincent, de Pierre Granier-Deferre
1982 : Meurtre au soleil, de Guy Hamilton
1981 : Rends-moi la clé, de Gérard Pirès
1981 : Egon Schiele, enfer et passion, d'Herbert Vesely
1980 : La Fille prodigue, de Jacques Doillon
1979 : Au bout du bout du banc, de Peter Kassovitz
1978 : Mort sur le Nil, de John Guillermin
1978 : Melancoly Baby, de Clarisse Gabus
1977 : L'Animal, de Claude Zidi
1976 : Le Diable au coeur, de Bernard Queysanne
1976 : Je t'aime moi non plus, de Serge Gainsbourg
1975 : Sept morts sur ordonnance, de Jacques Rouffio
1975 : Catherine et compagnie, de Michel Boisrond
1975 : La Course à l'échalote, de Claude Zidi
1974 : Sérieux comme le plaisir, de Robert Benayoun
1974 : Comment réussir quand on est con et pleurnichard, de Michel Audiard
1974 : Le Manoir des fantasmes, de Don Sharp
1974 : La moutarde me monte au nez, de Claude Zidi
1974 : Le Mouton enragé, de Michel Deville
1974 : Bons baisers de Tarzan, de Pierre Desfons (Téléfilm)
1973 : Projection privée, de François Leterrier
1973 : Les Diablesses, d'Antonio Margheriti
1973 : Don Juan 73 ou si Don Juan était une femme, de Roger Vadim
1973 : Dark Places, de Don Sharp
1972 : Trop jolies pour être honnêtes, de Richard Balducci
1971 : Melody, de Jean-Christophe Averty (Téléfilm)
1971 : Le Roman d'un voleur de chevaux, d'Abraham Polonsky
1971 : 19 filles et un marin, de Milutin Kosovac
1970 : Cannabis, de Pierre Koralnik
1970 : Alba Pagana, d'Ugo Liberatore
1970 : Sex Power, d'Henry Chapier
1970 : Trop petit mon ami, d'Eddy Matalon
1969 : Les Chemins de Katmandou, d'André Cayatte
1969 : La Piscine, de Jacques Deray
1968 : Slogan, de Pierre Grimblat
1967 : Wonderwall, de Joe Massot
1966 : Blow-Up, de Michelangelo Antonioni
1966 : Le Gentleman de Londres, de Jack Smight
1964 : Le Knack... et comment l'avoir, de Richard Lester
Réalisatrice
2007 : Boxes
Discographie :
2017 : Gainsbourg Birkin le symphonique
2008 : Enfants d'hiver
2006 : Fictions
2004 : Rendez-vous
1999 : À la légère
1996 : Versions Jane
1990 : Amours des feintes
1987 : Lost Song
1983 : Baby Alone in Babylone
1978 : Ex-Fan des Sixties
1975 : Lolita Go Home
1973 : Di Doo Dah
1969 : Jane Birkin - Serge Gainsbourg
Récompense :
1992 : Victoire de la musique de l'artiste interprète féminine de l'année
© Abaca, Jérôme Domine
Jane Birkin se remet en question toutes les nuits
De nature très angoissée, Jane Birkin fait aussi de grosses insomnies qu'elle essaye de traiter en prenant des somnifères. "Chez moi, les grandes remises en question sont réservées à la nuit, c'est pour ça que je ne dors pas ! Cette éternelle question qui revient sans cesse : 'Et si j'avais fait autrement ?' Comme si on avait une seconde chance, alors que non. Ce sont des tracasseries qui ôtent le sommeil, d'où - ô bonheur ! -, les somnifères...", avouait-elle en novembre 2020 dans les colonnes de Marie-Claire. Jane Birkin lors du photocall de "Jane By Charlotte" à l'occasion du 14e Festival du film d'Angoulême, le 27 août 2021.
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