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Jean Gabin
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"Je suis monté sur les planches à contrecoeur. J'ai tourné mes premiers films sans enthousiasme, sans espoir. À présent, ça y est : me voilà mordu...". C'est donc par hasard, "à grands coups de pompe dans le train" données par son père que ce benjamin d'une fratrie de six enfants entre dans le métier. Son père, las de le voir exercer de petits boulots d'ouvriers entre 1920 et 1922 - cimentier à la Gare de la Chapelle, magasinier aux magasins d'automobiles de Drancy - le pousse sur les planches des Folies-Bergères sous la protection du comique Bach.
Lui, le gamin du Val-d'Oise, qui a pris goût à la nature sur les bords de l'Oise dans une grande en pierre située près de la voie ferrée de Mériel, débarque dans la Ville Lumière, là où il a vu le jour le 17 mai 1904, dans les bras d'une sage-femme de Montmartre. Sur les planches des Bouffes Parisiens dès 1923, cinq ans après la disparition de sa mère, la chanteuse-fantaisiste Hélène Petit et son bref passage au Lycée Janson-de-Sailly, il fait régulièrement des allers-retours entre Paris et Mériel pour rendre visite à sa soeur aînée Madeleine, qu'il considère comme sa seconde mère, et son époux, le champion de boxe Jean Poësy.
Ses prémices au théâtre sont écourtées de 1924 à 1925, lorsqu'il effectue son service militaire dans la Marine, d'abord au bataillon fusiliers-marins de Lorient puis au Ministère de la Guerre à Paris. En 1925, il profite d'une permission pour se marier avec la future actrice Camille Basset dite Gaby. De retour définitivement dans la capitale, le jeune premier se voit ouvrir les portes du music-hall : partenaire de Mistinguett au Moulin Rouge en 1928, elle l'engage pour lui rappeler Maurice Chevalier, son ancien amant et acolyte.
Mais pour Jean Gabin, ses vrais débuts dans le monde du spectacle commencent en 1929 avec des numéros de music-hall, notamment avec le clown Dandy, et des rôles importants dans des opérettes ("Flossie", "Les aventures du Roi Pausole"). Il entretiendra une liaison avec Jacqueline Francell, sa partenaire dans Flossie et amorce son divorce de Gaby.
Le jeune premier, au tempérament déjà impétueux, est courtisé par le cinéaste Wilhelm Thiele, qui veut le faire jouer dans son film "Les chemins du paradis" en 1930. Gabin n'en a que faire et choisit d'attendre une meilleure opportunité, qui n'attendra pas avant de pointer le bout de son nez puisqu'il signe cette année-là un contrat avec la société Pathé-Natan et tourne son premier film : "Chacun sa chance" de Hans Steinhoff et René Pujol. Comme Maurice Chevalier avant lui, il chante et roule les "r".
Son premier grand rôle, Gabin le décroche en 1932 dans "La belle marinière", après être apparu dans "Les gaités de l'escadron" avec Raimu et Fernandel. On le voit en 1934 dans "Zouzou", avec Joséphine Baker, puis dans "Maria Chapdelaine" avec Madeleine Renaud, qui marquera le début d'une longue collaboration avec le réalisateur Julien Duvivier. Il sera Ponce-Pilate dans "Golgotha" (1935), Jeannot le chômeur parisien dans "La Belle Equipe" (1936) ou encore le caïd "Pépé le Moko" (1937). Autant de films qui le font entrer dans un cinéma français social, où l'argot a toute sa place.
Franc du collier et d'un naturel limpide, il se taille rapidement une réputation de bon vivant à la gouaille légendaire exploitée par le dialoguiste Michel Audiard, comme si tout à coup un marlou des faubourgs enfilait la panoplie d'acteur. Crédible dans un bleu de travail comme dans un costume trois pièces, il joue les prolos ("La Bête Humaine") aussi bien que les bourgeois ("French Cancan"), les petits truands comme les gradés ("La Grande Illusion").
Star venue du peuple, il immortalise les yeux de Michel Morgan en 1938 dans "Le Quai des Brumes", de Marcel Carné, qu'il retrouve notamment dans "La Marie du port" (1949), avant que la guerre n'éclate et qu'il parte s'installer aux Etats-Unis, en février 1941, refusant de jouer pour des compagnies allemandes. Il joue dans deux films américains : "La péniche de l'amour" et "L'Imposteur". D'outre-Atlantique, il ramène à son bras Marlene Dietrich, avec qui il vit une longue passion amoureuse de 1941 à 1947.
Leur relation est mise entre parenthèses entre début 1943 et juillet 1945, laps de temps correspondant à son engagement dans les Forces Françaises Libres (FFL). De retour dans les bras de sa blonde, il tourne avec elle pour la première et dernière fois dans "Martin Roumagnac" de Georges Lacombe, film qui voit enfin aboutir un projet qui lui tenait à coeur - l'histoire de cet entrepreneur en maçonnerie tombé follement amoureux d'une provinciale - mais qui ne rencontrera pas son public.
Gabin entame la deuxième partie de sa carrière dans les années 1950. La quarantaine bien entamée, il reçoit le prix du meilleur acteur au Festival de Venise pour "La nuit est mon royaume", joue avec Danielle Darrieux dans "La vérité sur Bébé Donge" et retrouve Michel Morgan dans "La minute de vérité". En 1953, "Touchez pas au grisbi" sonne le premier volet de la trilogie consacrée au truand vieillissant Max le Menteur ("Le cave se rebiffe", "Les Tontons flingueurs"). Le film relance la carrière de Gabin et révèle un acteur qui deviendra à son tour un monstre sacré : Lino Ventura. Les deux hommes tourneront de nouveau ensemble en 1955 dans "Razzia sur la chnouf". Cette année-là, il tourne de nouveau pour Gilles Grangier dans "Gas-oil", dont les dialogues sont signés par Audiard. Au total, Grangier et Gabin tourneront ensemble à douze reprises.
Sa gueulante ("Jambier, Jambier") dans "La Traversée de Paris" avec Louis de Funès et Bourvil devient culte dès sa sortie, de même que son duo avec Brigitte Bardot dans "En cas de malheur" et ses soirées au comptoir avec Jean-Paul Belmondo dans "Un Singe en Hiver".
Les années 1960 sont plus compliquées pour lui. Dans la nuit du 27 au 28 juillet, il vit un drame personnel : 700 agriculteurs envahissent le domaine de La Pichonnière, qu'il avait bâti sur les terres normandes, lui reprochant d'être "cumulard", autrement dit de ne pas louer ses terres (150 hectares au total) à ses voisins, dont l'agriculture est réellement le métier, pour qu'ils les exploitent à leur tour. L'affaire terminera devant les tribunaux. Du côté des écrans, il repart de plus belle, tournant avec Alain Delon ("Mélodie en sous-sol"), Louis de Funès ("Le Tatoué"), Lino Ventura et Alain Delon dans "Le clan des Siciliens" ou encore Fernandel, dans "L'Age ingrat", avec qui il fonde en 1963 la maison de production Gafer (la première syllabe de leurs noms), qui produira les derniers coups de maître de l'acteur ("Le Pacha", "La Horse", "L'Affaire Dominici").
En 1976, il enfile le costume de maitre de cérémonie des César et tourne son dernier film, L'année sainte. Le 15 novembre de cette même année, il s'éteint à l'hôpital américain de Neuilly, laissant derrière lui trois enfants né de son troisième mariage avec Dominique Fournier. Michel Audiard avait écrit pour lui dans "Le cave se rebiffe" : "Ne pas reconnaître son talent, c'est faciliter la réussite des médiocres". Reconnaissons-le-lui.
Filmographie :
1976 : L'année sainte, de Jean Girault
1974 : Verdict, d'André Cayatte
1973 : Deux hommes dans la ville, de José Giovanni
1973 : L'affaire Dominici, de Claude Bernard-Aubert
1972 : Le Tueur, de Denys de La Patellière
1971 : Le drapeau noir flotte sur la marmite, de Michel Audiard
1971 : Le chat, de Pierre Granier-Deferre
1970 : La horse, de Pierre Granier-Deferre
1969 : Le clan des Siciliens, d'Henri Verneuil
1969 : Sous le signe du taureau, de Gilles Grangier
1968 : La tatoué, de Denys de La Patellière
1968 : Le pacha, de Georges Lautner
1967 : Le soleil des voyous, de Jean Delannoy
1966 : Le jardinier d'Argenteuil, de Jean-Paul Le Chanois
1966 : Du riffifi à Paname, de Denys de La Patellière
1965 : Le tonnerre de Dieu, de Denys de La Patellière
1964 : L'âge ingrat, de Gille Grangier
1964 : Monsieur, de Jean-Paul Le Chanois
1963 : Maigret voit rouge, de Gilles Grangier
1963 : Mélodie en sous-sol, d'Henri Verneuil
1962 : Le gentleman d'Epsom, de Gilles Grangier
1962 : Un singe en hiver, d'Henri Verneuil
1961 : Le cave se rebiffe, de Gilles Grangier
1961 : Le président, d'Henri Verneuil
1960 : Les vieux de la vieille, de Gilles Grangier
1960 : Le baron de l'écluse, de Jean Delannoy
1959 : Rue des Prairies, de Denys de La Patellière
1959 : Maigret et l'affaire Saint-Fiacre, de Jean Delannoy
1959 : Archimède, le clochard, de Gilles Grangier
1958 : Les grandes familles, de Denys de La Patellière
1958 : En cas de malheur, de Claude Autant-Lara
1958 : Le désordre et la nuit, de Gilles Grangier
1958 : Les misérables, de Jean-Paul Le Chanois
1958 : Maigret tend un piège, de Jean Delannoy
1957 : Le rouge est mis, de Gilles Grangier
1957 : Le cas du Docteur Laurent, de Jean-Paul Le Chanois
1956 : Crime et châtiment, de Georges Lampin
1956 : La traversée de Paris, de Claude Autant-Lara
1956 : Le sang à la tête, de Gilles Grangier
1956 : Voici le temps des assassins..., de Julien Duvivier
1956 : Des gens sans importance, d'Henri Verneuil
1955 : Gas-oil, de Gilles Grangier
1955 : Chiens perdus sans collier, de Jean Delannoy
1955 : Port du désir, d'Edmond T. Gréville
1955 : Razzia sur al chnouf, d'Henri Decoin
1955 : Napoléon, de Sacha Guitry
1954 : French Cancan, de Jean Renoir
1954 : L'air de Paris, de Marcel Carné
1954 : Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker
1953 : La vierge du Rhin, de Gilles Grangier
1953 : Leur dernière nuit, de Georges Lacombe
1953 : Fille dangereuse, de Guido Brignone
1952 : La minute de vérité, de Jean Delannoy
1952 : Le plaisir, de Max Ophüls
1952 : La vérité sur Bébé Donge, d'Henri Decoin
1951 : La nuit est mon royaume, de Georges Lacombe
1951 : Victor, de Claue Heymann
1950 : Pour l'amour du ciel, de Luigi Zampa
1950 : La Marie du port, de Marcel Carné
1949 : Au-delà des grilles, de René Clément
1947 : Miroir, de Raymond Lamy
1946 : Martin Roumagnac, de Georges Lacombe
1944 : L'Imposteur, de Julien Duvivier
1942 : La péniche de l'amour, d'Archie Mayo et Fritz Lang
1941 : Remorques, de Jean Grémillon
1939 : Le jour se lève, de Marcel Carné
1939 : Le récif de corail, de Maurice Gleize
1938 : La bête humaine, de Jean Renoir
1938 : Le quai des brumes, de Marcel Carné
1937 : Gueule d'amour, de Jean Grémillon
1937 : Le messager, de Raymond Rouleau
1937 : La grande illusion, de Jean Renoir
1937 : Pépé le Moko, de Julien Duvivier
1936 : Les bas-fonds, de Jean Renoir
1936 : La belle équipe, de Julien Duvivier
1935 : Variétés, de Nicolas Farkas
1935 : La bandera, de Julien Duvivier
1935 : Golgotha, de Julien Duvivier
1934 : Zouzou, de Marc Allégret
1934 : Maria Chapdelaine, de Julien Duvivier
1933 : Le tunnel, de Curtis Bernhardt
1933 : Du haut en bas, de Georg Wilhelm Pabst
1933 : Adieu les beaux jours, d'André Beucler et Johannes Meyer
1933 : L'étoile de Valencia, de Serge de Poligny
1932 : Coeurs joyeux, de hans Schwarz et Max de Vaucorbeil
1932 : La belle marinière, de Harry Lachman
1932 : La foule hurle, de John Daumery et Howard Hawks
1932 : Les gaîtés de l'escadron, de Maurice Tourneur
1932 : Coeur de lilas, d'Anatole Litvak
1931 : Pour un soir..!, de Jean Godard
1931 : Gloria, de Hans Behrendt
1931 : Tout ça ne vaut pas l'amour, de Jacques Tourneur
1931 : Paris-Beguin, d'Augusto Genina
1931 : Méphisto, d'Henri Debain et Georges Vinter
1930 : Chacun sa chance, de René Pujol et Hans Steinhoff
1928 : Le dompteur
1928 : Ohé! Les valises
Récompenses :
1987 : César d'honneur
1971 : Ours d'argent du meilleur acteur pour Le Chat
1959 : Ours d'argent du meilleur acteur à la Berlinale pour Archimède le clochard
1959 : David di Donatello Award du meilleur acteur étranger pour Les Grandes Familles
1954 : Coupe Volpi d'interprétation masculine à la Mostra de Venise pour L'Air de Paris et Touchez pas au grisbi
1951 : Coupe Volpi d'interprétation masculine à la Mostra de Venise pour La nuit est mon royaume
© Sipa, SIPA
Jean Gabin et Lino Ventura
En 1954, le réalisateur Jacques Becker confie à Jean Gabin le rôle de Max dans "Touchez pas au grisbi", un truand associé à Riton (René Dary). Pour incarner le bandit Angelo Fraiser, un rival, le cinéaste jette son dévolu sur un ancien lutteur qui à l'époque organise des combats de catchs, Lino Ventura. Si les premiers temps, le jeune acteur se fait timide face à la légende du cinéma français, le tournage marque le début d'une amitié indéfectible entre deux partenaires qui à six reprises ont formé un duo magistral. Lino Ventura et Jean Gabin dans "Touchez pas au grisbi" (1954) de Jacques Becker.
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