Lars von Trier a reçu une éducation très permissive, le menant à écourter ses études pour lesquelles il éprouvait une grande lassitude. Il tente de rentrer à l'école du cinéma, mais se voit recalé et réalise alors ses deux premiers moyens-métrages, "Le jardin des orchidées" (1977) et Menthe-la-bienheureuse (1979). Le premier lui ouvrira finalement les portes de la formation cinématographique, bien qu'il soit réfractaire au caractère didactique des enseignements prodigués.
Il faut attendre 1984 pour que Lars von Trier se lance dans le long-métrage avec "Element of Crime", sa première collaboration avec Niels Vorsel, déjà récompensé d'un prix à Cannes. S'en suit "Epidemic" (1988), un film proche du cinéma expérimental, et "Europa" (1991) avec Jean-Marc Barr - qu'il retrouvera par la suite dans bien d'autres oeuvres. Le réalisateur clôt ainsi sa série des films en "E", ayant pour thème l'Europe et la perte de personnalité.
L'année suivante, il crée sa société de production Zentropa, ainsi qu'une branche X dédiée aux femmes et aux LGBT, Puzzy Power, avant de fonder avec Thomas Vinterberg un mouvement appelé "Dogme 95". Ce dernier prône un ascétisme dans la manière de filmer : lumière naturelle et style épuré sont les leitmotivs du duo danois.
Par la suite débute une nouvelle trilogie, "Coeur d'or" : Lars von Trier présente "Breaking the waves" en 1996, fait Grand prix du jury à Cannes, puis "Les idiots" en 1998, et enfin "Dancer in the Dark" en 2000. Avec Björk dans le rôle principal, la comédie musicale connaît un succès international. Ce dernier volet reçoit en effet des nominations aux César, Oscars et Golden Globes, et remporte à Cannes la Palme d'or ainsi que le Prix d'interprétation féminine pour la chanteuse islandaise.
En 2003, Lars von Trier entame (encore) une trilogie iconoclaste sur l'Amérique : "Dogville" (2003), "Manderlay" (2005) et "Le Direktør" (2007). En 2009, il réalise "Antichrist" avec Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg, qui reçoit le Prix d'interprétation féminine à Cannes. Le réalisateur revient deux ans plus tard avec un film sur le thème de la sexualité et de la culpabilité, "Melancholia", offrant à son tour à Kirsten Dunst la récompense de meilleure actrice au festival de la croisette.
Lars von Trier, qui aime cultiver l'art de la provocation, rassemble ses deux actrices ainsi consacrées dans le scandaleux "Nymphomaniac" en 2014. Racontant l'histoire d'une nymphomane depuis sa naissance jusqu'à ses 50 ans, le film en deux volets, et au casting haut-de-gamme, fait beaucoup parler de lui en se faisant censurer dans de nombreux pays.
Le réalisateur danois travaille actuellement à un thriller centré sur un tueur en série, à l'instar d'ailleurs de son tout premier long-métrage... Il faudra toutefois attendre au moins 2018 avant de voir "The house that Jack built" dans les salles.
Filmographie :
Réalisateur :
2018 : The House That Jack Built
2013 : Nymphomaniac
2011 : Melancholia
2009 : Antichrist
2007 : Chacun son cinéma ou Ce petit coup au coeur quand la lumière s'éteint et que le film commence
2006 : Le direktør
2005 : Manderlay
2003 : Five Obstructions (documentaire)
2003 : Dogville
2001 : D-dag - Den faerdige film (téléfilm)
2000 : Dancer in the Dark
2000 : D-dag (téléfilm)
2000 : D-dag - Lise (téléfilm)
1998 : Les idiots
1997-1994 : L'hôpital et ses fantômes (série TV)
1996 : Breaking the Waves
1994 : Laerervaerelset (série TV)
1991 : Europa
1988 : Medea (téléfilm)
1987 : Epidemic
1984 : Element of Crime
Acteur :
2007 : Erik Nietzsche, mes années de jeunesse
2007 : Chacun son cinéma ou Ce petit coup au coeur quand la lumière s'éteint et que le film commence
2006 : Le direktør
1998 : Les idiots
1991 : Europa
1989 : Un monde de différence
1984 : Element of Crime
1980 : Kaptajn Klyde og hans venner vender tilbage
Récompenses :
2000 : Palme d'or à Cannes, pour "Dancer in the dark"
1997 : César du Meilleur film étranger, pour "Breaking the waves"
1996 : Grand prix du jury à Cannes, pour "Breaking the waves"
1991 : Prix du jury et Grand Prix de la commission technique supérieure à Cannes, pour "Europa"
1984 : Grand Prix de la commission technique supérieure à Cannes, pour "Element of crime"
© Sipa, Rex Features
"Antichrist" (2009) de Lars von Trier
Ce n'est pas sans polémique que Charlotte Gainsbourg remporte le Prix d'interprétation féminine à Cannes, en 2009. Avec Willem Dafoe, ils forment un couple confrontés à la terrible perte de leur progéniture. Pour tenter d'apaiser leurs souffrances, ils rejoignent un lieu nommé "Eden", en pleine forêt... mais la situation s'envenime jusqu'à être dérangeante. Sur son site, France Culture explique : "Huit ans après, le scandale court encore : en 2017, et pour la troisième fois (une fois en 2009, l'autre en 2012), le Conseil d'Etat adopte un décret pour annuler le visa d'exploitation du film. Sous la pression d'associations ultra-catholiques, 'Antichrist' avait déjà été relégué au rang 'd'interdit aux moins de 16 ans', il l'est désormais aux moins de 18 ans." Une secousse qui n'empêchera pas Lars von Trier de provoquer à nouveau avec l'effrayant "The House that Jack Built" (2018).
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