Il faut attendre 1969 pour que l'artiste en pleine reconversion signe son premier long-métrage, L'Enfance nue, portant sur les enfants abandonnés et notamment produit par François Truffaut et Claude Berri. Le film reçoit le prix Jean Vigo et permet au cinéaste de poursuivre dans cette voix.
Trois ans plus tard, il réalise Nous ne vieillirons pas ensemble, avec Jean Yanne et Marlène Jobert, à partir d'un livre qu'il a lui-même écrit. Le film est le premier à être produit par sa société Lido Films, qui fera faillite en 1975 suite à l'échec retentissant de son film La Gueule ouverte.
Viennent ensuite La gueule ouverte (1974), sur le cancer d'une mère de famille, Passe ton Bac d'abord (1978), abordant la vie d'adolescent à Lens et Loulou (1980), une histoire d'amour compliquée entre Guy Marchand, Isabelle Huppert et Gérard Depardieu.
L'année 1983 est un tournant dans sa carrière : A nos amours, qui révèle une jeune Sandrine Bonnaire, remporte le César du Meilleur film ainsi que le prix Louis-Delluc.
En 1985, il réalise le polar trouble Police, avec Gérard Depardieu et Sophie Marceau, suivi du controversé Sous le Soleil de Satan, l'adaptation du roman de Georges Bernanos, qui reçoit la palme d'Or au Festival de Cannes. Lors de sa réception du prix, Maurice Pialat, alors hué par une partie du public présent dans la salle, lève son poing et clame la phrase restée célèbre : "Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus".
Quatre années plus tard, en 1991, l'ancien peintre dévoile sa passion avec le biopic Van Gogh, avec Jacques Dutronc dans le rôle du peintre impressionniste.
Le Garçu, sorti en salles en 1995, sera son dixième et dernier long-métrage. Il y fait jouer son fils, Antoine, alors âgé de quatre ans, né de sa relation avec Sylvie Pialat, ainsi que Gérard Depardieu.
Le 11 janvier 2003, Maurice Pialat meurt à Paris des suites d'une maladie rénale.
Filmographie :
1995 : Le Garçu
1991 : Van Gogh
1987 : Sous le soleil de Satan
1985 : Police
1983 : À nos amours
1980 : Loulou
1978 : Passe ton bac d'abord
1974 : La Gueule ouverte
1972 : Nous ne vieillirons pas ensemble
1970 : La Maison des bois (Série TV)
1968 : L'Enfance nue
Récompenses :
1987 : Palme d'or pour Sous le soleil de Satan
1984 : César du meilleur film pour À nos amours, ex-aequo avec Le Bal d'Ettore Scolanote
1983 : Prix Louis-Delluc pour À nos amours
1968 : Prix Jean-Vigo pour L'Enfance nue
© Sipa, /SIPA
Un Maurice Pialat révolté : "Le soleil de Satan" de Maurice Pialat (1987)
Adapté du roman de Georges Bernanos, "Sous le soleil de Satan " raconte le chemin de croix d'un jeune vicaire de campagne, l'abbé Donissan (Gérard Depardieu), qui doute de sa foi et s'engage dans un douloureux combat contre le mal. Il tente de sauver l'âme de la jeune Mouchette (Sandrine Bonnaire), meurtrière de son amant. Si le roman est un succès, le film de Maurice Pialat fait lui un tollé... Et lorsqu' Yves Montand annonce qu'il reçoit la Palme d'or, le public ne peut s'empêcher de siffler, ce qui n'impacte en aucun cas le réalisateur qui assène un discours bref, mais virulent, le point levé : "Je ne vais pas faillir à ma réputation : je suis surtout content ce soir pour tous les cris et les sifflets que vous m'adressez. Et si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus."Affiche officielle du film "Sous le soleil de Satan", 1987. Gaumont.
1/2