Un an après sa naissance qui marque la fin de la seconde guerre mondiale, la famille emménage à Paris où le jeune homme s'illustre déjà au piano et remporte un prix au conservatoire à 12 ans. Littéraire, il apprend la langue de Shakespeare lors de séjours dans le Dorset, région côtière d'Angleterre.
À 20 ans, il quitte le foyer familial pour commencer à vivre sa vie. Armé de sa guitare, il s'assoit sur les marches du Sacré-Coeur et compose son tout premier titre : La poupée qui fait non. Titre propulsé au rang de tube mondial et repris par de nombreux artistes. De chanteur de rue, Michel Polnareff remporte un premier prix dans un club branché. Déjà anticonformiste, il le refuse.
C'est sa rencontre avec Lucien Meurisse, patron d'Europe 1 qui va donner un grand coup d'accélérateur à sa carrière musicale. En 1966, le chanteur signe sur son label DiscAZ et compose son premier album Love Me Please Love Me avec quelques exigences dont celle d'aller enregistrer à Londres. Peu à peu, Michel Polnareff se dévoile, se construit une identité à la fois androgyne et décadente (ses chansons encensent l'amour mais aussi la liberté sexuelle). La presse s'en mêle, la radio interdit certains de ses titres avant 22h, Michel Polnareff est en bonne voie de devenir une icône.
En octobre 1967, il se produit pour la première fois sur la scène de l'Olympia pour la première partie des Beach boys. Trois ans plus tard, cette même scène lui est accordée pour lui tout seul et ses shows innovants.
Mais le succès fou engendre aussi des critiques. Michel Polnareff est un personnage hors-norme et quelques malveillants n'hésitent pas à se moquer de son apparence. A ces attaques il répond en chanson : Je suis un homme. L'année 1970 marque un début de descente aux enfers et une dépression causée par la perte de son ami Lucien Meurisse, une séparation amoureuse.
Un an plus tard, son talent artistique est aussi appelé au cinéma dont il compose quelques bandes originales pour Ça n'arrive qu'aux autres de Nadine Trintignant et La Folie des grandeurs de Gérard Oury avec Louis de Funès et Yves Montand.
En 1972, la tournée Polnarévolution fait scandale à cause des affiches placardées dans le tout-Paris sur lesquelles Michel se montre en tenue d'Adam. Mais le vrai scandale revient à la découverte d'une trahison pécuniaire de son associé. En 1973, Polnareff est ruiné et doit faire face à la mort de sa mère. Après avoir terminé une cure de sommeil, il embarque à bord du paquebot France, de l'autre côté de l'Atlantique, à Los Angeles. De cet exil, Michel Polnareff écrit un futur succès : Lettre à France, chanson où s'exprime une immense nostalgie de son pays natal.
Dans les années 90, Michel Polnareff retourne en France et s'enferme deux ans dans un hôtel, le Royal Monceau. De là, il compose ses tubes Goodbye Marylou et son album Kâmâ Sutrâ. Presque aveugle, il se fait opérer et recouvre la vue en 1994.
De 1995 à 2007, le chanteur mélancolique à la renommée mondiale connait une renaissance et quelques collaborations artistiques grandioses. Le tout ponctué par des tournées et deux concerts remarquables dont un au Palais Omnisports de Bercy et l'autre au champ de Mars en 2007 à la demande de Nicolas Sarkozy.
Son look lunettes noires qu'il garde pour protéger ses yeux fragiles et ses cheveux blonds décolorés ont fait le tour de la planète, indissociable du personnage Michel Polnareff. Un documentaire à sa gloire et à sa vie romanesque a vu le jour en 2014.
Discographie :
1966 : Love Me Please Love Me
1967 : Le Bal des Laze
1970 : Polnareff's
1972 : Polnarévolution
1974 : Michel Polnareff
1975 : Fame à la mode
1978 : Coucou me revoilou
1981 : Bulles
1982 : Show télé 82/Public
1985 : Incognito
1990 : Kâmâ Sutrâ
1996 : Live at the Roxy
2007 : Ze re Tour 2007
Récompenses :
2007 : Victoire d'honneur aux Victoires de la musique
© BestImage, Lionel Urman
Michel Polnareff : jamais reconnu dans son enfance
Jusqu'à la mort de son père en 1988, Michel Polnareff ne retient de lui quasiment que la violence et le plaisir dont il le prive durant toute sa jeunesse. Dans sa troisième autobiographie intitulée "Sperme" parue le 24 mars 2016, le chanteur raconte : "De mon père, je n'ai connu que la menace des représailles et leur cuisante expression. Mon père m'a mené la vie dure et m'a refusé l'enfance." "Mon père a systématiquement interdit tout ce qui pouvait nourrir mon plaisir. Mon inspiration", ajoutait-il aussi.
Michel Polnareff lors de la Fête de l'Humanité 2016 à La Courneuve, le 10 septembre 2016.
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