Raoul Peck

Raoul Peck©Abaca, Marechal Aurore

Persécutée par le régime de François Duvalier, sa famille fuit Haïti en 1961 pour rejoindre le Congo, qui vient d'acquérir son indépendance à peine un an plus tôt. Mais à Leopoldville, la capitale qui se verra bientôt renommée Kinshasa, le gamin connaît encore une certaine insécurité durant cette période de transition politique chaotique. Pour finir sa scolarité, il est alors envoyé dans les pays du Nord, à New York, en France, puis à Berlin, où il poursuit des études universitaires en ingénierie et économie industrielles. Mais le jeune homme, qui n'a jamais oublié ses racines et deviendra bientôt un des plus ardents militants contre la dictature haïtienne et pour le développement des pays du tiers-monde de manière générale, s'intéresse à un tout autre domaine... Ayant déjà signé ses premiers courts-métrages - "Leugt" (1983) et "Merry Christmas Deutschland" (1984) - il décide de rempiler sur une formation cinématographique à la Berlin Film and Television Academy.

Alors qu'il en ressortira diplômé en 1988, Raoul Peck est encore étudiant lorsqu'il réalise son premier long, "Haitian Corner" (1987), tourné entre Brooklyn et Haïti, pour lequel le cinéaste en herbe reçoit ses premières nominations dans des festivals internationaux, à Nantes en France et à Loncarno en Suisse. Fort de cette expérience plutôt réussie, celui qui donne en parallèle des cours de cinéma (en Allemagne, en France, et bientôt aux États-Unis) choisit ensuite de présenter un documentaire sur l'ancien Premier ministre du Congo, assassiné en 1961 : "Lumumba : La mort du prophète" (1990) lui vaut cette fois quelques prix, encore dans l'Hexagone et la Confédération helvétique, à Amiens et Fribourg.

Après quoi Raoul Peck repasse à la fiction, sans pour autant s'éloigner de sujets historiques qui lui sont chers. Il signe ainsi "L'homme sur les quais" (1993), situé en Haïti du temps de "Papa Doc" (alias le président François Duvalier). Un tableau poétique racontant la cruauté du régime à travers le regard d'une petite de huit ans dénommée Sarah, qui vaut à son réalisateur d'être le premier représentant caribéen à être sélectionné - et même prétendre à la Palme d'or - à Cannes. S'en suivent dès l'année suivante une paire de documentaires : "Haïti, Le silence des chiens" et "Desounen : Dialogue with death", concernant toujours le climat d'instabilité politique, d'insécurité et de pauvreté qui règne dans ses terres natales.

Pour ses travaux militants, Raoul Peck se voit récompensé en 1994 d'un prix par l'ONG américaine Human Rights Watch. Deux ans plus tard, lorsqu'un nouveau gouvernement démocratique voit enfin le jour en Haïti, il se voit même offrir le poste de ministre de la Culture. Une opportunité qu'il ne peut décliner, lui qui a toujours été si impliqué dans la dénonciation du régime dictatorial de Duvalier. Mais ce nouvel espoir politique s'essouffle bien vite : face à l'instabilité du gouvernement il finit par démissionner, tout comme cinq de ses collègues et même le premier ministre, à peine dix-neuf mois après être entré en fonction. Sa brève expérience dans les coulisses du pouvoir, il la racontera en 1998 dans le livre "Monsieur le Ministre... Jusqu'au bout de la patience".

C'est finalement en 2000 que le cinéaste revient dans les salles obscures, portant de nouveau son intérêt sur le Congo à travers un nouveau biopic historique sur ce héros de l'indépendance, qui faisait déjà l'objet de son premier documentaire : "Lumumba" reçoit un accueil des plus chaleureux ... tout autour du globe, et notamment en Afrique où il remporte un prix durant le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Burkina Faso), dit Fespaco. S'en suit l'année suivante, de retour en Haïti, "Le Profit ou rien d'autre : réflexions abusives sur la lutte des classes". Puis Raoul Peck se tourne vers le petit écran, s'intéressant par ailleurs à d'autres nations. Il signe ainsi le téléfilm "Quelques jours en avril" (2005), racontant le génocide rwandais avec Idris Elba dans le premier rôle, puis une mini-série intitulée "L'affaire Villemin" (2006), sur le décès tragique du petit Grégory Villemain survenu le 16 octobre 1964 dans les Vosges.

Toujours dans la petite lucarne, Raoul Peck présente en 2009 "L'école du pouvoir", un diptyque centré sur la fameuse École nationale d'administration française entre 1977 et 1986, et "Moloch Tropical", une fiction contant les derniers jours d'un dictateur haïtien, portée par Zinedine Soualem et Sonia Rolland. Il faut ensuite attendre 2013 avant de retrouver le réalisateur dans les salles obscures, avec le documentaire "Assistance mortelle" consacré aux efforts de reconstruction menés depuis le séisme dévastateur en Haïti. L'année suivante, il revient à la fiction en signant le drame "Meurtre à Pacot", mené par Alex Descas et Ayo, bien qu'évoquant encore les conséquences de la catastrophe naturelle sur l'île caribéenne.

Réalisateur des plus éminents sur la scène internationale, se voyant non seulement offrir une place dans le jury de Cannes mais aussi la tête de la plus prestigieuse école de cinéma française, La Fémis, Raoul Peck n'est pour autant pas prêt de se reposer sur ses lauriers... Il frappe même un nouveau grand coup en 2016 avec le documentaire "I Am Not Your Negro", basé sur l'oeuvre inachevée de James Baldwin, "Remember This House", et narré par l'acteur Samuel L. Jackson. Cette histoire du racisme aux États-Unis est acclamée de toutes parts, recevant le Prix du public dès sa présentation au Festival international du film de Toronto, et plus tard le Prix Panorama Audience à la Berlinale ainsi qu'une nomination à l'Oscar du Meilleur film documentaire.

Alors que les spectateurs pourront découvrir cette oeuvre courant 2017 dans les salles obscures, cette année-là marquera par ailleurs le retour du cinéaste haïtien à la fiction. Et ce avec un biopic historique intitulé "Le jeune Karl Marx", contant comme son nom l'indique les débuts du célèbre penseur révolutionnaire autour de ses proches, Jenny Marx et Friedrich Engels.

Filmographie :

2017 : Le jeune Karl Marx
2016 : I Am Not Your Negro (Documentaire)
2014 : Meurtre à Pacot
2013 : Assistance mortelle (Documentaire)
2009 : Moloch Tropical (Téléfilm)
2009 : L'école du pouvoir (Téléfilm)
2006 : L'affaire Villemin (Série TV)
2005 : Quelques jours en avril (Téléfilm)
2001 : Le Profit ou rien d'autre : réflexions abusives sur la lutte des classes
2000 : Lumumba
1998 : Corps plongés (Téléfilm)
1997 : Documenta X - Die Filme (Documentaire)
1994 : Desounen: Dialogue with Death (Documentaire)
1994 : Haiti - Le silence des chiens (Documentaire)
1993 : L'homme sur les quais
1990 : Lumumba: La mort du prophète (Documentaire)
1987 : Haitian Corner

Récompenses :

2017 : Prix du choix du public au Festival international du film de Toronto, pour "I Am Not Your Negro"
2017 : Prix Panorama Audience au Festival international du film de Berlin, pour "I Am Not Your Negro"

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