Snoop Dogg, Eminem, JoeyStarr, Will Smith... Ils sont nombreux ces rappeurs célèbre à avoir bifurqué vers le cinéma. Les deux disciplines peuvent parfaitement se conjuguer, l'une nourrissant l'autre, et Riz Ahmed en est le parfait exemple. Lui qui, sans son mini-scandale causé après son morceau politiquement incorrect Post 9/11 Blues, n'aurait jamais mis les pieds sur un plateau de cinéma.
Bercé dès l'adolescence par les cassettes de hip hop de son frère, Nas et Wu-Tang Clan en tête de liste, le natif de Wembley, au nord-ouest de Londres, s'immisce par la suite dans des battle de rap qu'il remporte pour la plupart. En 2007, un an après avoir sorti son premier single, Post 9/11 Blues, la BBC le sélectionne même dans ses "Introducing artist" et le Glastonbury Festival l'ajoute à sa programmation. Mais la percée est difficile, le single, satire de la peur engendrée par le 11 septembre, ayant été victime d'une forte censure en Angleterre.
Déjà diplômé en philosophie, politique et économie de l'Université Christ Church d'Oxford, Riz Ahmed fréquente ensuite la Central School of Speech and Drama à l'Université de Londres et décroche son premier rôle en 2006 dans le docu-fiction "The Road to Guantanamo", de Michael Winterbottom et Mat Whitecross, Ours d'argent à la Berlinale.
Les petits rôles s'enchaînent ensuite, l'acteur veillant bien à choisir des films engagés capable de transmettre un message fort sur le monde moderne. Il apparaît alors dans la mini-série américaine post 11 septembre, "The Path to 9/11" (2007), joue une recrue au service du MI15 dans le téléfilm "Les Graines de la colère", échoue au casting de "Slumdog Millionaire" (2008) mais décroche néanmoins le rôle d'un dealer partagé entre l'argent facile et une vie stable dans "Shifty" d'Eran Creevy. Il décroche pour sa performance le prix d'interprétation du Festival de Genève ainsi qu'une nomination aux British Independent Film Awards (BIFA).
L'année suivante, Riz Ahmed prend encore du galon, donnant la réplique à Jude Law et Judi Dench dans "Rage", de Sally Potter. Il côtoie ensuite Michael Fassbender dans l'épique "Centurion" (2010), se glisse une nouvelle fois dans la peau d'un dealeur pour "Ill Manors" mais surtout collabore avec Chris Morris, acteur et humoriste qui l'a contacté après avoir entendu Post 9/11 Blues. Le titre lui a quelque peu insufflé l'histoire de sa comédie "We Are Four Lions", dans laquelle Ahmed campe Omar Kamikaz, un jeune anglais prêt à tout pour devenir le parfait terroriste. Pour devenir ce martyr de l'Islam et provoquer un attentat suicide, son personnage va fabriquer des bombes artisanales, faire un périple au Pakistan... le tout avec une grande maladresse. Non conventionnel mais très réussi, le film rejoint la sélection officielle du Festival du Film de Sundance.
Depuis, son ascension est fulgurante. Jean-Jacques Annaud le fait tourner dans son "Or noir" (2011) pour camper un médecin venu d'Occident missionné pour implanter son savoir dans la péninsule arabique, Éric Bana lui donne la réplique dans le thriller "Closed Circuit" (2013) et il assiste naïvement un Jake Gyllenhaal shooté aux fait divers gore dans l'oppressant "NightCall" (2014). Cette année-là il passe également pour la première fois derrière la caméra pour le court-métrage "Daytimer", lauréat du Grand prix du jury au Festival du film de Nashville.
Deux ans plus tard c'est HBO qui jette son dévolu sur lui. Tête d'affiche de la mini-série "The Night Of", il est Nasir Khan, un étudiant américano-pakistanais du Queens qui se réveille un lendemain de soirée arrosée avec le sang de sa conquête de la veille, retrouvée poignardée à mort chez lui. Il va devoir remonter le fil de la soirée pour retrouver le coupable alors que les faits l'accusent.
2016 est définitivement son année, se retrouvant à l'affiche de deux des plus gros blockbusters de l'année : "Jason Bourne" et "Star Wars Rogue One", spin-off de la saga intergalactique. Dans le premier, il incarne le PDG d'un réseau social comptant plus d'un milliard de membres. Geek brillant, il va néanmoins se faire manipuler par Tommy Lee Jones et la CIA. Dans le second, attendu pour décembre, Gareth Edwards a fait de lui le pilote Bodhi Rook dont la mission est d'aider Jyn Erso (Felicity Jones) à voler les plans de l'étoile noire. On peut le dire, Riz Ahmed a aujourd'hui touché les étoiles.
Filmographie :
2016 : Rogue One : A Star Wars Story, de Gareth Edwards
2016 : City of Tiny Lights, de Pete Travis
2016 : Una, de Benedict Andrews
2016 : The Night Of (Série TV)
2016 : Jason Bourne, de Paul Greengrass
2014 : Night Call, de Dan Gilroy
2013 : Closed Circuit, de John Crowley
2012 : L'intégriste malgré lui, de Mira Nair
2010 : Ill Manors, de Plan B
2011 : Or noir, de Jean-Jacques Annaud
2011 : Trishna, de Michael Winterbottom
2011 : The Fades (Série TV)
2010 : Centurion, de Neil Marshall
2010 : We Are Four Lions, de Christopher Morris
2009 : 10 Minute Tales (Série TV)
2008 : Freefall, de Dominic Savage (Téléfilm)
2009 : Rage, de Sally Potter
2008 : Dead Set (Série TV)
2008 : Wired (Série TV)
2008 : Shifty, d'Eran Creevy
2007 : Les graines de la colère, de Peter Kominsky (Téléfilm)
2006 : Berry's Way, de Metin Hüseyin (Téléfilm)
2006 : The Path to 9/11 (Série TV)
2006 : Banglatown Banquet, d'Hettie Macdonald (Téléfilm)
2006 : The Road to Guantanamo, de Michael Winterbottom et Mat Whitecross
Récompenses :
2015 : Grand prix du jury au Festival du film de Nashville pour "Daytimer"
2012 : Shooting Star de la Berlinale au Festival de Berlin
2008 : Meilleur acteur au Geneva International Film Festival Tous Ecrans pour "Shifty"