Roger Vivier
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Celui que l'on surnomme le Fragonard, voire le Fabergé de la chaussure se fera un nom tout autour du globe pour ses créations si raffinées et indémodables - du talon Aiguille au talon Virgule, en passant par la fameuse paire dite de Belle Vivier - qui, prisées par autant de dames de charme que Catherine Deneuve, Marlene Dietrich, la Reine Elizabeth II ou encore la Princesse Soraya d'Iran, porteront l'idéal de l'élégance à la française jusqu'au bout des pieds.
Roger
Vivier,
né
en
1907
à
Paris,
est
avant
tout
un
artiste.
Passionné
de
music-hall
et
de
théâtre,
c'est
d'ailleurs
sur
les
planches
de
Belleville
qu'il
se
plaît
d'abord
à
jouer
les
figurants
alors
qu'il
vient
d'intégrer
une
formation
de
sculpteur
aux
Beaux-Arts,
en
1924.
Deux
ans
plus
tard,
le
jeune
homme
change
pourtant
de
cap
:
il
quitte
la
capitale
pour
aller
apprendre,
auprès
d'amis
de
la
famille,
le
métier
de...
bottier.
Mais
toujours
fasciné
par
les
strass
et
paillettes
des
cabarets,
il
rentre
finalement
dans
la
Ville
Lumière,
où
il
travaille
pour
le
décor
théâtral
et
fréquente
le
Moulin
Rouge,
le
Casino
de
Paris
ou
encore
les
Folies
Bergères.
L'apprenti
artisan
y
côtoie
quelques
figures
féminines
phares
des
années
folles,
notamment
Minstinguett
et
Joséphine
Baker,
pour
qui
il
signe
en
1930
ses
premiers
souliers
sur-mesure.
Six
ans
plus
tard,
l'antenne
d'une
grande
tannerie
allemande,
Laboremus,
l'embauche
comme
modéliste.
Mais
Roger
Vivier
ne
tarde
pas
à
fonder
sa
propre
maison,
à
son
nom,
en
1937.
Installé
au
22
rue
Royale
en
plein
Paris,
il
enchaîne
déjà
les
commandes
pour
de
grandes
marques
françaises,
anglaises,
allemandes
ou
même
américaines.
Ce
sont
ses
talents
à
la
fois
d'artiste
et
d'artisan,
en
tant
que
véritable
visionnaire,
qui
feront
toute
sa
réputation,
lui
qui
n'hésite
pas
à
innover
en
utilisant
des
matières
sophistiquées
et
inédites
dans
le
monde
de
la
chaussure,
comme
de
la
dentelle
de
Bruges,
de
la
corde
tressée,
du
satin,
des
pierres
précieuses,
ou
même
du
plastique
transparent,
qu'il
est
le
premier
à
introduire
sur
des
souliers
en
1945.
Aussi
fera-t-il
au
fil
des
années
le
bonheur
de
femmes
de
prestige
comme
Jackie
Kennedy,
Elizabeth
Taylor
ou
encore
Sophia
Loren.
De
même
que
celui
de
quelques
collectionneurs
d'art
-
dont
un
certain
Philippe
de
Rothschild
-
qui
préfèrent
toutefois,
évidemment,
exposer
ses
créations
derrière
une
vitrine
plutôt
que
de
les
porter...
Le
sculpteur
César
parlera
d'ailleurs
de
celles-ci
comme
d'"oeuvres
d'art
à
part
entière,
à
voir
sous
tous
les
angles."
De
retour
à
Paris
en
1947,
après
un
exil
à
New
York
pendant
la
guerre,
Roger
Vivier
fait
la
rencontre
de
Christian
Dior.
Six
ans
plus
tard,
et
pendant
quatre
ans,
il
met
tout
son
talent
au
profit
des
collections
du
célèbre
couturier.
C'est
également
en
1953
qu'il
crée,
d'une
part,
les
sandales
en
chevreau
doré,
incrustées
de
grenats,
qu'Elizabeth
II
porte
à
son
couronnement
et,
d'autre
part,
les
souliers
au
fameux
talon
Boule
orné
de
strass
de
Marlene
Dietrich.
Ce
sont
d'ailleurs
surtout
pour
ces
éléments
d'élévation,
qu'il
imagine
sous
toutes
les
formes
en
leur
donnant
ainsi
le
nom
qu'elles
évoquent,
que
le
créateur
entrera
dans
l'Histoire
de
la
mode.
Et
ce
ne
serait-ce
que
lorsqu'il
présente,
en
1954,
le
révolutionnaire
talon
Aiguille.
Partant
à
l'origine
d'un
talon
Louis
XV,
qu'il
effile
vers
le
bas
pour
"terminer
la
silhouette
d'un
coup
...
Le créateur créera plus tard divers autres talons réputés comme le Choc en 1959, cambré vers l'intérieur, puis surtout le Virgule, sinueux, qui après son arrivée en 1963 deviendra le prototype historique de la maison. De même qu'il continuera, en se spécialisant dans le sur-mesure, de parfaire les tenues des grands noms de la Haute. Ainsi sont-ce encore ses souliers, brodés de fils d'argent et parsemés de topazes, que l'on aperçoit aux pieds de la Princesse Soraya d'Iran en 1961, lors de son séjour royal dans la capitale française - ou comme le titre alors Paris Match : "Cendrillon à Paris". Plus tard, dans le cadre de la collection Mondrian d'Yves Saint Laurent, il présente en 1965 des escarpins vernis ornés d'une boucle en métal. Lesquels prendront le nom de Belle Vivier lorsqu'ils seront immortalisés par Catherine Deneuve, Ô so Chic, dans le "Belle de Jour" (1967) de Luis Buñuel. C'est ensuite au tour de Brigitte Bardot de rendre célèbres, à l'heure ou la mini-jupe fait un carton, ses cuissardes sur sa fameuse Harley Davidson en 1968... Celui qui s'est entre-temps relogé Rue François Ier, toujours dans le luxueux VIIIe arrondissement parisien, se verra par ailleurs honoré dans les musées, à commencer par cette rétrospective organisée au Pavillon de Marsan du Louvre en 1987, suivie de quelques collections exposées au MET à New York comme au V&A à Londres.
Après avoir ouvert une boutique dans la Grosse Pomme en 1985, puis une autre au Japon en 1991, et être devenu directeur artistique de Myrys en 1997, Roger Vivier s'éteint à peine un an plus tard, le 2 octobre 1998 à Toulouse, à l'âge de 91 ans. Sa célèbre maison de création connaîtra quant à elle un second souffle, lorsque le patron de Tod's, Diego Della Valle, rachète la griffe au début des années 2000. Il lui offre un nouveau domicile en 2004, sans jamais trop s'éloigner de son quartier historique, au 29 rue du Faubourg-Saint-Honoré. C'est par ailleurs à Bruno Frisoni qu'il confie les commandes, trouvant en outre une ambassadrice de choix en la personne d'Inès de la Fressange. La Maison Roger Vivier perdure ainsi la mémoire de son célèbre créateur, en exposant notamment son emblématique boucle rectangulaire à travers diverses nouvelles collections, comme une véritable signature. On la retrouve d'ailleurs en 2011 sur la Chiquette, soulier exposé en vraie vedette des "Bien-Aimés" de Christophe Honoré. Et devinez qui est à l'affiche du film... Qui d'autre, en effet, quelque quarante-quatre ans après "Belle de Jour", que la grande Catherine Deneuve pour faire ce dernier clin d'oeil au célèbre créateur ?