Fils d'immigrés russes juifs - un père pianiste et une mère mezzo-soprano -, le petit Lucien est initié à la peinture et au piano par son paternel. Durant la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy destitue la famille Ginsburg de sa nationalité française. Pour échapper à la Gestapo, chaque membre de la famille s'invente une fausse identité et se disperse en plusieurs endroits. Lucien est recueilli dans un collège jésuite, à Saint-Léonard-de-Noblat. Après la libération, la famille Ginsburg se retrouve à Paris. En échec scolaire, Lucien quitte le lycée pour s'inscrire aux Beaux-Arts. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de sa future compagne, Élisabeth Levitsky, fille d'aristocrates russes.
A la fin des années 40, Lucien cumule les petits boulots, entre professeur de dessin et de chant. Au début des années 50, il découvre les textes drôles et provocateurs de Boris Vian au cabaret Milord l'Arsouille, où il ne tarde pas à devenir pianiste d'ambiance. Le directeur du cabaret, Francis Claude, l'incite à se lancer dans une carrière de chanteur. En 1957, il divorce d'Élisabeth Levitsky et entame une collaboration avec l'arrangeur de Boris Vian, Alain Goraguer. Ensemble, ils donnent naissance au premier album de Gainsbourg, Du chant à la une !, qui contient un premier tube, Le poinçonneur des Lilas.
Avec ses hymnes jazzy, Gainsbourg devient une icône de la Rive Gauche, aux côtés d'artistes comme Juliette Gréco ou Jacques Brel. La Javanaise (1962) est le tube emblématique de cette époque. En 1964, l'auteur-compositeur teinte son jazz d'influences africaines avec l'album Gainsbourg Percussions et son tube Couleur café. Parallèlement, il compose pour plusieurs chanteuses, Juliette Gréco, Petula Clark, Françoise Hardy et surtout France Gall, qui lui permet d'atteindre une notoriété grand public avec le tube Poupée de cire, poupée de son, qui remporte l'Eurovision en 1965. Après France Gall, Gainbourg trouve une autre muse : Brigitte Bardot, avec qui il chante plusieurs titres pop, dont le hit Bonnie & Clyde (1968).
Musicalement, Serge Gainsbourg regarde désormais de l'autre côté de la Manche et s'inspire de la pop britannique des sixties. C'est à cette époque qu'il rencontre sur le plateau du film Slogan une jeune actrice du nom de Jane Birkin, avec qui il entame une liaison. Gainsbourg incite l'Anglaise à chanter Je t'aime... moi non plus, qu'il a déjà enregistré avec Bardot quelques mois plus tôt. Mais c'est la version avec Birkin qui deviendra un énorme tube à sa sortie en 1969.
Le début des années 70 marque un tournant vers le rock progressif et le glam-rock, avec les albums Histoire de Melody Nelson (1971), Vu de l'extérieur (1973), Rock Around the Bunker (1975) et L'Homme à tête de chou (1976). A cette époque, la santé de Gainsbourg commence à se dégrader à cause de sa forte consommation d'alcool et de cigarettes. Le chanteur fait une première crise cardiaque en 1973. Après avoir détourné l'esthétique nazie avec Rock Around the Bunker, Gainsbourg choque une frange de l'opinion publique en reprenant La Marseillaise en version reggae sur la chanson Aux Armes et caetera.
En 1980, le couple Gainsbourg-Birkin se sépare et le chanteur sombre un peu plus dans l'alcool et le tabac. Les albums de l'époque laissent place au personnage de Gainsbarre, une sorte de double auto-destructeur et vulgaire, qui multiplie les provocations médiatiques. Serge Gainsbourg meurt le 2 mars 1991 d'un arrêt cardiaque à l'âge de 62 ans, dans son hôtel particulier de la rue de Verneuil.
Discographie :
1958 : Du chant à la une !
1959 : Serge Gainsbourg N°2
1961 : L'Étonnant Serge Gainsbourg
1962 : Serge Gainsbourg N° 4
1963 : Gainsbourg Confidentiel
1964 : Gainsbourg Percussions
1967 : Anna
1968 : Bonnie & Clyde
1968 : Initials B.B.
1969 : Jane Birkin - Serge Gainsbourg
1971 : Histoire de Melody Nelson
1973 : Vu de l'extérieur
1975 : Rock Around the Bunker
1976 : L'Homme à tête de chou
1979 : Aux armes et caetera
1981 : Mauvaises Nouvelles des étoiles
1984 : Love on the Beat
1987 : You're Under Arrest
Filmographie :
En tant que réalisateur :
1976 : Je t'aime moi non plus
1981 : Le Physique et le Figuré (Court-métrage)
1983 : Équateur
1986 : Charlotte for Ever
1990 : Stan the flasher
En tant qu'acteur :
1959 : Voulez-vous danser avec moi ? de Michel Boisrond
1960 : La Révolte des esclaves (La rivolta degli schiavi) de Nunzio Malasomma
1961 : Samson contre Hercule (Sansone) de Gianfranco Parolini
1962 : Hercule se déchaîne (La furia di Ercole) de Gianfranco Parolini
1963 : Strip-tease de Jacques Poitrenaud
1963 : L'Inconnue de Hong Kong de Jacques Poitrenaud
1966 : Carré de dames pour un as de Jacques Poitrenaud
1966 : Le Jardinier d'Argenteuil de Jean-Paul Le Chanois
1967 : L'Inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy
1967 : Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux
1967 : Estouffade à la Caraïbe de Jacques Besnard
1968 : Ce sacré grand-père de Jacques Poitrenaud
1968 : Erotissimo de Gérard Pirès
1968 : Vivre la nuit de Marcel Camus
1968 : Le Pacha de Georges Lautner
1969 : Slogan de Pierre Grimblat
1969 : Les Chemins de Katmandou d'André Cayatte
1969 : Paris n'existe pas de Robert Benayoun
1969 : Mister Freedom de William Klein
1970 : Cannabis de Pierre Koralnik
1971 : 19 filles et un marin (19 djevojaka i mornar) de Milutin Kosovac
1971 : Le Roman d'un voleur de chevaux (Romance of a Horsethief) d'Abraham Polonsky
1972 : The Day the Clown Cried de Jerry Lewis (inachevé)
1972 : Trop jolies pour être honnêtes de Richard Balducci
1973 : Les Diablesses (La morte negli occhi del gatto) d'Antonio Margheriti
1974 : La Dernière Violette court métrage d'André Hardellet
1975 : Sérieux comme le plaisir de Robert Benayoun
1980 : Je vous aime de Claude Berri
1982 : Le Grand Pardon d'Alexandre Arcady
1985 : Fumeurs de charme de Frédéric Sojcher
1986 : Charlotte for Ever
1988 : Jane B. par Agnès V. d'Agnès Varda
1990 : Stan the flasher
1992 : Requiem pour un fumeur de Frédéric Sojcher (il s'agit d'un nouveau montage de "Fumeurs de charme")
Récompenses :
Musique :
1959 : Grand prix de l'Académie Charles-Cros pour son premier album, "Du chant à la une !...", paru l'année précédente.
1965 : Prix du Concours Eurovision de la chanson, compositeur et parolier du titre gagnant "Poupée de cire poupée de son", interprété par France Gall, qui concourt pour le Luxembourg.
1984 : Grand prix de l'Académie Charles-Cros pour l'album, "Baby Alone in Babylone" de Jane Birkin, qu'il a entièrement écrit et composé.
1985 : Victoire de la musique de "l'album de l'année" pour "Love on the beat"
1985 : décoré de la croix d'Officier dans l'ordre des Arts et des Lettres par Jack Lang.
1990 : Victoire de la musique d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
1995 : César de la meilleure musique décerné à titre posthume pour le film Élisa de Jean Becker
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Jane Birkin, une famille d'artistes avec Serge Gainsbourg
Avant de rencontrer Serge Gainsbourg et de former ce célèbre couple d'artistes que l'on connait, l'actrice Jane Birkin a déjà connu la maternité en donnant naissance à Kate Barry, en 1967, alors qu'elle vit une idylle avec le compositeur anglais John Barry. C'est en 1971, vivant une histoire d'amour avec Serge Gainsbourg, qu'elle devient maman pour la deuxième fois de Charlotte. Après leur séparation, elle se rapproche de Jacques Doillon, avec qui elle accueille Lou en 1982.
Jane Birkin au défilé de mode prêt-à-porter automne-hiver 2020/2021 Céline à Paris, le 28 février 2020.
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