Sonia Rolland

Sonia Rolland et sa famille fuient le Rwanda à ses huit ans pour rejoindre le Burundi voisin, tout juste un an avant l'éclatement de la guerre civile en 1990. Lorsque le conflit entre Hutus et Tutsis découle sur le génocide de 1994 et résonne au Burundi, où la gamine entend le retentissement des grenades de sa salle de classe, c'est vers la France qu'ils s'exilent définitivement. Atterrie en Bourgogne, elle connaît des débuts difficiles dans son petit village près de Cluny, où certains l'appellent "la bamboula" alors que sa mère doit se rendre aux "Restos du coeur" pour nourrir ses enfants, seule, le père étant resté en Afrique où il venait d'ouvrir une imprimerie. Un peu garçon manqué, voire même "voyoute" selon ses propres mots, c'est d'abord dans le basket-ball que Sonia Rolland trouve refuge, devenant rapidement le pilier de l'équipe de Cluny. Mais la jeune fille fera bientôt un tout autre usage de son 1,78m, se tournant grâce à ses jolis traits vers les podiums pour devenir, à tout juste 18 ans, Miss Bourgogne. Un titre qui lui vaut de participer dans la foulée au concours national de beauté qui ouvre le nouveau millénaire : elle succède à Mareva Galanter et devient la première femme d'origine africaine à porter la couronne de Miss France en 2000. Celle qui se place par ailleurs parmi les demi-finalistes du concours Miss Univers, où elle termine en neuvième position, lègue ensuite son écharpe tricolore à Élodie Gossuin. Sonia Rolland profite de sa liberté retrouvée pour effectuer un petit tour du monde, avec un passage en Afrique, bien sûr. C'est la première fois, en plus de dix ans, qu'elle et sa famille remettent un pied à Kigali, où elle reçoit un accueil des plus chaleureux en tant que véritable fierté nationale. L'ancienne reine de beauté profite alors de sa notoriété franco-africaine pour fonder en 2001 l'association "Sonia Rolland pour les enfants", plus tard renommée "Maïsha Africa", afin de venir en aide aux orphelins du génocide rwandais. Outre l'humanitaire, l'ex-Miss France se lance dans une reconversion professionnelle en poursuivant son rêve d'actrice. En parallèle de ses activités de mannequinat pour Karin Models, elle apprend le métier au studio Pygmalion, sous la houlette de Jean-Michel Steinfort. Ses premiers pas de comédienne se font en 2002 sur le petit écran, où elle tient un second rôle dans le téléfilm "Les pygmées de Carlo" signé Radu Mihaileanu. Deux ans plus tard, elle apparaît pour la première fois au cinéma dans "Le p'tit curieux" de Jean Marboeuf, où elle joue une opticienne notamment face à Alain Bashung. Mais c'est encore dans la petite lucarne que l'actrice en herbe va connaître la consécration en 2004 : Sonia Rolland est Léa Parker, héroïne d'une nouvelle série policière éponyme, qu'elle jouera sur quelque 50 épisodes pendant deux saisons jusqu'en 2006. Après quoi le public la retrouve dans les salles obscures sous la direction de Richard Bohringer, pour qui elle campe une danseuse transsexuelle dans son drame "C'est beau une ville la nuit" (2006). Puis dans les rayons de librairie, lorsqu'elle publie son autobiographie "Les gazelles n'ont pas peur du noir" (éd. Michel Lafon, 2007). L'ex-Miss vit ensuite un tournant dans sa vie professionnelle et privée en 2009. Non seulement devient-elle ambassadrice des cosmétiques Mixa auprès d'une autre mannequin réputée de l'Hexagone, Estelle Lefébure, joue par ailleurs les épouses de Zinedine Soualem, mué en dictateur pour le téléfilm "Molock Tropical" de Raoul Peck, mais retrouve aussi l'amour après sa rupture l'année précédente d'avec Christophe Rocancourt - escroc notoire qu'elle a rencontré après sa sortie de prison en 2005, et avec qui elle a eu sa première fille en 2007. En effet, Sonia Rolland forme depuis un couple heureux avec l'acteur Jalil Lespert, auprès de qui elle accueille sa deuxième fille en 2010. Quelques autres apparitions télévisées plus tard, l'actrice retrouve en 2011 un rôle récurrent, celui de Vanessa, tout le long de la deuxième et dernière saison de la série comique "Les invincibles". Surtout, elle apparaît également cette année-là dans le fameux "Minuit à Paris" de Woody Allen, où, face à Owen Wilson, elle incarne la grande Joséphine Baker - rien que ça. Les lecteurs la retrouvent par ailleurs en couverture d'un livre, donnant cette fois ses conseils beauté pour les femmes noires dans "Beauté Black", coécrit avec Sandrine Jeanne-Rose et publié aux éditions du Rocher. Depuis, Sonia Rolland tente toujours de poursuivre, tant bien que mal, sa carrière d'actrice. En 2012, elle partage l'affiche du thriller "Désordres" d'Étienne Faure aux côtés d'Isaach De Bankolé et Niels Schneider. L'année suivante, elle est Nathalie dans la comédie politique à succès portée par Thierry Lhermitte et Raphaël Personnaz, "Quai d'Orsay" de Bertrand Tavernier. Elle effectue également en 2013 un cameo dans le programme court de TF1 "Nos chers voisins" ainsi que dans un épisode de la première saison de la série criminelle "Cherif". Alors que les téléspectateurs la retrouveront ensuite dans "Caïn" et le téléfilm criminel "Le vagabond de la Baie de Somme" (2015) de Claude-Michel Rome, la belle se décide entre-temps à passer derrière la caméra pour signer un documentaire sur son pays d'origine, "Rwanda : du chaos au miracle", diffusé sur France Ô. "J'ai ressenti le besoin de clore l'année de commémoration du 20e anniversaire du génocide avec un sujet positif. Peu de gens savent comment le Rwanda a évolué depuis cette époque. Il y a pourtant 64% de femmes au parlement et des prouesses économiques et sociétales ont été réalisées. J'ai donc couru après les financements et j'y suis allée deux fois, en octobre et avril 2013 pour le tournage", raconte-t-elle ainsi à Ouest-France. Sonia Rolland réalisera une autre oeuvre, de fiction cette fois, avec le court-métrage "Une vie ordinaire" en 2016. L'année prochaine devrait en outre la voir revenir sur le grand écran, étant annoncée au casting de la comédie dramatique "Madame" d'Amanda Sthers, portée par Toni Collette et Harvey Keitel. Filmographie : Réalisatrice 2015 : Rwanda : Du chaos au miracle (Documentaire TV) Actrice 2017 : Madame, d'Amanda Sthers 2015 : Le vagabond de la Baie de somme, de Claude-Michel Rome (Téléfilm) 2015 : Caïn (Série TV) 2013 : Cherif (Série TV) 2013 : Quai d'Orsay, de Bertrand Tavernier 2013 : Nos chers voisins (Série TV) 2012 : Désordres, d'Étienne Faure 2012 : Toussaint Louverture (Série TV) 2011 : Minuit à Paris, de Woody Allen 2011 : Les invincibles (Série TV) 2010 : Affaires étrangères (Série TV) 2009 : Moloch Tropical, de Raoul Peck (Téléfilm) 2007 : Les zygs, le secret des disparus, de Jacques Fansten (Téléfilm) 2006 : C'est beau une ville la nuit, de Richard Bohringer 2006-2004 : Léa Parker 2004 : Le p'tit curieux, de Jean Marboeuf 2002 : Les pygmées de Carlo, de Radu Mihaileanu (Téléfilm) 2001 : C'est pas facile... (Série TV)

© BestImage, Jean-François Ottonello / Nice Matin

Sonia Rolland a reçu "environ 2 700" lettres d'insultes

À peine élue Miss France le 11 décembre 1999, Sonia Rolland se retrouve au coeur d'une impressionnante vague de racisme. "J'ai reçu environ 2 700 lettres d'insultes ! J'ai eu des crottes ramassées dans la rue sur mon paillasson, des crachats sur ma porte. On a aussi déchiré la toile de ma voiture après y avoir écrit 'négresse' en énorme... J'avais 18 ans, ça a été très violent mais je ne voulais pas donner de l'importance à une poignée d'ignorants racistes", écrivait-elle en 2014 dans le magazine Plus. Sonia Rolland lors du photocall de Monte Carlo Gala for the Global Ocean sur les terrasses de l'opéra de Monte-Carlo, le 26 septembre 2019.

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