Tobias Jesso Jr.

Tobias Jesso Jr.©Getty Images, Burak Cingi

Tobias Jesso Jr. - il ajoutera lui-même le suffixe pour éviter toute confusion sur la Toile avec son père, dirigeant d'une société informatique - grandit à Vancouver. Comme la plupart des enfants, le premier instrument qu'il apprend à manier est la flûte à bec. Mais le petit prodige passe vite au saxophone, puis à la basse et à la guitare. Génie créatif, rêvant d'entertainment, il décide de partir dans sa vingtaine pour Los Angeles. Or, au bout de quatre années passés à tenter de percer en tant que scénariste et/ou musicien, le jeune homme abdique. "La compétition est impitoyable", dira-t-il aux Inrockuptibles : "Hollywood m'a recraché".

Alors revient-il à 27 ans dans sa ville natale, "les mains vides" et un peu honteux, sans savoir que c'est finalement là que sa chance va tourner. Grâce à un ami, il se trouve un petit job (et une nouvelle passion) dans une société de déménagement... de pianos. À ses heures perdues, l'artiste désabusé essaie d'amadouer ce nouvel instrument et écrit quelques chansons - dont une, Hollywood, inspirée de son expérience désastreuse dans la Cité des Anges. Modeste, il avouera au Guardian que si ses premières démos sont si langoureuses, rappelant la musique naïve des années 1960 et 1970, et notamment celle des Beatles, c'est qu'à ce moment-là il ne sait "pas faire autre chose que des ballades". Mais celui qui dit à Billboard ne savoir "ni jouer ni chanter très bien", ajoutant "Il faut que je m'améliore", s'en sort déjà pas mal.

Preuve en est, Tobias Jesso Jr. ne tarde pas à attirer l'attention lorsqu'il se met à diffuser ses vidéos sur YouTube. Dès la première, Just a Dream, cet éternel enthousiaste s'extasie : "Je me suis rendu compte après quelques jours qu'elle avait été vue 34 fois, alors je me suis dit 'Oh, cool !'. Puis j'ai commencé à poster des chansons sur Facebook pour mes amis (...) Ils se sont tous mis à augmenter le nombre de vues à coups de clics, si bien que j'avais plus d'une centaine de vues, et je me disais 'Je ... n'en reviens pas ! C'est incroyable !'. Lorsque quelqu'un ajoutait un commentaire, je me disais : 'Super ! Je ne connais absolument pas cette personne !' C'était très excitant", raconte-t-il en effet au Guardian.

Mais le chanteur et musicien ne doit pas seulement son ascension à cette petite popularité sur les réseaux sociaux. Il a, aussi, su forcer son destin. Lorsqu'il découvre que le groupe Girls - un de ses préférés - se sépare, Tobias Jesso Jr. envoie un mail à son bassiste et producteur Chet "JR" White avec un lien vers une de ses chansons. "Comme un miracle", dit-il, ce dernier lui répond... Naît alors une fructueuse collaboration : lui, envoie tout ce qu'il écrit à son nouveau mentor pour de précieux conseils, ce dernier se met à partager les compositions de l'artiste en herbe à son entourage. De fil en aiguille, voilà que le grand dadais de deux mètres à la tignasse de Jim Morrison est signé auprès du label True Panther Sounds - qui représentait notamment Girls avant sa dissolution.

Avec l'aide de producteurs de renom, comme Ariel Rechtshaid ou Patrick Carney des Black Keys, Tobias Jesso Jr. enregistre son premier album studio, "Goon", sur le piano qu'il a depuis appris à mieux jouer. Diffusé en 2015, l'opus fait sensation auprès des critiques qui annoncent la naissance d'un artiste hors norme, dans la veine des plus grands auteurs-compositeurs des années 1960 et 1970, Lennon en tête. Et depuis qu'Adele a partagé le lien de sa vidéo How Could You Babe à ses plus de 20 millions de followers sur Twitter, Tobias Jesso Jr. bat tous ses records en nombre de vues sur YouTube. À la fin de l'année, il écrit un titre pour le troisième album studio de la célèbre chanteuse britannique, "25", intitulé When We Were Young. Avec elle, encore, il participe également au single Alive de Sia pour son opus "This Is Acting". Deux grands tubes qui devraient en effet présager un grand succès pour ce nouveau venu sur la scène musicale internationale.

Discographie :

2015 : Goon

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