Après un voyage aux Etats-Unis et quelques piges effectuées dans le quotidien Le Matin, il reprend des études de comédie et intégre les cours Florent sous l'égide du professeur Francis Huster. Ce dernier vante alors ses qualités au réalisateur Paul Boujenah, qui lui offre son premier rôle dans Le Faucon en 1983.
Durant les années suivantes, il participe à de nombreux succès dans des seconds rôles, comme dans Notre histoire de Bertrand Blier ou 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix. C'est dans le film L'Etudiante (1988) avec une jeune Sophie Marceau qu'il décroche son premier grand rôle. Il sera récompensé du prix Jean Gabin un an plus tard.
Mais c'est à partir de la décennie suivante que Vincent Lindon va s'affirmer dans des premiers rôles à forte résonance sociale à l'instar de Gaspard et Robinson de Tony Gatlif, dans lequel il joue un paumé attachant aux côtés de Gérard Darmon. Mais c'est surtout dans le film La Crise (1992) de Coline Serreau - et son personnage, Victor, plein de suffisance qui retrouve ses valeurs au contact d'un SDF joué par Patrick Timsit) - que l'acteur jouit d'une grande popularité. Il reçoit d'ailleurs le César du meilleur acteur pour ce rôle.
Dans la lignée de La Crise, Vincent Lindon choisit des films reflétant son engagement auprès des laissés-pour-compte, à commencer par Ma petite entreprise de Pierre Jolivet, où il incarne Ivan, un entrepreneur en pleine crise financière voulant éviter à tout prix la faillite. Suivront la satire sociale implacable Chaos (2001), Ceux qui restent (2007), premier film d'Anne Le Ny, Welcome (2009), inspiré des immigrés bloqués à Calais dans l'espoir d'entrer au Royaume-Uni et Toutes nos envies (2010) avec Marie Gillain.
Dans la peau d'un ancien prisonnier contraint de retourner chez sa mère dans Quelques heures de printemps (2012) de Stéphane Brizé, le comédien touche en plein coeur et reçoit une nomination au César du meilleur acteur. Il enfile ensuite l'uniforme du professeur Charcot dans Augustine (2012), avant de porter celui d'officier de marine marchande dans Les Salauds (2013), sélectionné en section Un Certain Regard au 66e Festival de Cannes.
Peu présent à l'écran, Vincent Lindon garde le cap de ses débuts en acceptant uniquement des rôles coups de poing nécessitant une implication totale de sa personne : un ex-flic brisé dans le polar psychologique Mea Culpa (2014), un antisémite virulent dans Journal d'une femme de chambre de Benoît Jacquot et plus récemment un quinquagénaire fraîchement sorti du chômage dans La Loi du marché de Stéphane Brizé.
Sélectionné au Festival de Cannes 2015, le film, à mi-chemin entre le reportage et la chronique sociale, lui vaut le Prix d'interprétation masculine.
Filmographie :
1983 : Le Faucon de Paul Boujenah
1984 : L'Addition de Denis Amar
1984 : L'Île de la Jeune Fille Bleue de Patrick Jamain (Téléfilm)
1984 : Notre histoire de Bertrand Blier
1985 : Néo Polar (Série TV)
1985 : Une vie comme je veux de Jean-Jacques Goron (Téléfilm)
1985 : Parole de flic de José Pinheiro
1985 : 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix
1986 : Suivez mon regard de Jean Curtelin
1986 : Prunelles Blues de Jacques Otmezguine
1986 : Escort Girl de Bob Swaim
1986 : Yiddish Connection de Paul Boujenah
1986 : Un homme amoureux de Diane Kurys
1987 : Dernier été à Tanger d'Alexandre Arcady
1988 : Quelques jours avec moi de Claude Sautet
1988 : L'Étudiante de Claude Pinoteau
1990 : Il y a des jours... et des lunes de Claude Lelouch
1990 : La Baule-les-Pins de Diane Kurys
1990 : Gaspard et Robinson de Tony Gatlif
1990 : Netchaïev est de retour de Jacques Deray
1992 : La Belle Histoire de Claude Lelouch
1992 : La Crise de Coline Serreau
1993 : Tout ça... pour ça ! de Claude Lelouch
1993 : L'Irrésolu de Jean-Pierre Ronssin
1995 : La Haine de Mathieu Kassovitz
1996 : Le Jour du chien de Ricky Tognazzi
1996 : Les Victimes de Patrick Grandperret
1996 : La Belle Verte de Coline Serreau
1997 : Fred de Pierre Jolivet
1997 : Le Septième Ciel de Benoît Jacquot
1998 : Paparazzi d'Alain Berbérian
1998 : L'École de la chair de Benoît Jacquot
1998 : Belle Maman de Gabriel Aghion
1998 : Pas de scandale de Benoît Jacquot
1999 : Ma petite entreprise de Pierre Jolivet
2000 : Mercredi folle journée de Pascal Thomas
2001 : Chaos de Coline Serreau
2001 : Vendredi soir de Claire Denis
2002 : Le Frère du guerrier de Pierre Jolivet
2002 : Filles uniques de Pierre Jolivet
2003 : Le Coût de la vie de Philippe Le Guay
2003 : La confiance règne d'Étienne Chatiliez
2004 : La Moustache d'Emmanuel Carrère
2004 : L'Avion de Cédric Kahn
2006 : Selon Charlie de Nicole Garcia
2007 : Je crois que je l'aime de Pierre Jolivet
2007 : Ceux qui restent d'Anne Le Ny
2008 : Chasseurs de dragons de Guillaume Ivernel et Arthur Qwak
2008 : Mes amis, mes amours de Lorraine Lévy
2008 : Pour elle, de Fred Cavayé
2009 : Welcome de Philippe Lioret
2009 : Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé
2011 : La Permission de minuit de Delphine Gleize
2011 : Pater d'Alain Cavalier
2011 : Toutes nos envies de Philippe Lioret
2012 : Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé
2012 : Augustine d'Alice Winocour
2013 : Les Salauds de Claire Denis
2014 : Mea Culpa de Fred Cavayé
2015 : Journal d'une femme de chambre de Benoît Jacquot
2015 : Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse
2015 : La Loi du marché de Stéphane Brizé
Récompenses :
1989 : Prix Jean-Gabin
2005 : Swann d'or du Meilleur acteur au Festival du film de Cabourg pour La Moustache
2007 : Chlotrudis Award du Meilleur acteur pour La Moustache
2008 : Prix d'interprétation masculine au Festival du film de Sarlat Pour elle
2015 : Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes pour La Loi du marché
© BestImage, Denis Guignebourg
Vincent Lindon a taclé la Coupe du Monde
Invité sur le plateau de C à vous en août 2022, Vincent Lindon n'a pas manqué de donner son avis sur la décriée Coupe du Monde. "La même année, il y a des jeux d'hiver dans un pays où il n'y a pas de neige, et après il y a des jeux d'été dans un pays où il fait 60 degrés à l'ombre, où ils ont construit 10, 12 stades réfrigérés et où c'est non seulement une aberration climatique, une aberration écologique. Et en plus, il y a un non-respect de l'idéologie des droits de l'Homme". Voilà qui est dit. Vincent Lindon à la cérémonie d'ouverture à la 48e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 2 septembre 2022.
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