Friedkin voit le jour en 1935 à Chicago. Il vit une enfance indigente, son père ne gagnant que très mal sa vie. Le jeune William a un choc lorsqu'il voit l'immense et complexe "Citizen Kane" (1941) du réalisateur Orson Welles. Dès l'âge de 17 ans, une vocation de cinéma - mais de grand cinéma - l'anime. Sans tergiverser, il prend la voie de la réalisation et commence d'ailleurs par le genre documentaire.
En 1962, il intègre l'équipe du maître du suspens qui aura grande influence sur lui, Alfred Hitchcock. William Friedkin fait ses classes de réalisation sur l'un des épisodes de "Suspicion", qui fait suite à l'émission "Alfred Hitchcock Presents".
Il réalise par la suite quelques longs-métrages sans grand éclat mais qui posent néanmoins les bases de son cinéma, des thématiques sensibles, dures, traitées de front. En 1971, il met en scène Gene Hackman dans "The French Connection", film de gangsters qui remporte un grand succès public. Ce premier triomphe mène le réalisateur jusqu'aux Oscars, où le film en décroche cinq, dont celui de meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur pour Gene Hackman.
Friedkin, tout auréolé de ses succès, séduit les studios et s'attaque alors à un genre encore balbutiant dans les années 1970, l'horreur. Grâce à des moyens considérables pour l'époque, William Friedkin imagine alors l'histoire qui va glacer le sang de plusieurs générations: la possession du corps d'une petite fille, Regan, par le diable. Il fait appel à Max Von Sydow, acteur suédois pour camper le prêtre exorciseur, Père Merrin, qui va tout tenter pour apaiser Regan, en proie à des crises d'hystérie, de violence et de pulsions de mort. Alors que le public de l'époque était bercé par les récits angoissants mais élégants d'Alfred Hitchcock, Friedkin amorce un nouveau chapitre dans le cinéma américain, l'épouvante directe, sanglante, sale voire nauséabonde qui transmet au spectateur une vraie peur, installée, mémorable.
Il rivalise d'invention pour faire de la jeune actrice Linda Blair, une Regan complètement métamorphosée par la possession, profanant des horreurs d'une terrifiante vulgarité, bouleversant de fait les rôles charmants et délicats alors destinés aux enfants acteurs...
Friedkin, à l'instar de l'un de ses précédents patrons, le susnommé Alfred, porte un intérêt et un soin important à la musique de son film. Il renvoie le compositeur Lalo Schifrin, insatisfait par ses propositions et emprunte pour le thème - glaçant ! - du film, un extrait de "Tubular Bells", l'album de Mile Oldfield qui lui en sera d'ailleurs reconnaissant... Jack Nitzsche en assure par ailleurs les musiques additionnelles.
C'est un nouveau jackpot pour Friedkin qui voit son film favori des Oscars, remportant le meilleur son et le meilleur scénario original. Les Golden Globes choisissent "l'Exorciste" comme meilleur drame.
Par la suite c'est une légère pente descendante qu'amorce le réalisateur, notamment en 1977 avec son remake - un peu manqué - du chef-d'oeuvre français, "Le salaire de la peur" d' Henri-Georges Clouzot. Avec "Têtes vides cherchent coffres pleins" (1978) et "La Chasse", il se concentre sur le genre policier avec plus ou moins d'habileté, préférant le réalisme à un nouvel épisode d'épouvante.
Il faut attendre les années 2000 pour enfin voir Friedkin entrer de nouveau dans les grâces de la critique internationale. Il met en scène "L'Enfer du devoir" avec Samuel L.Jackson et Tommy Lee Jones, sur fond de procès militaire.
En 2011, il est l'un des premiers réalisateurs à sortir Matthew McConaughey de la mélasse indigeste dans laquelle il se trouve, à savoir sa filmographie. Il lui offre l'un de ses meilleurs rôles, celui de Killer Joe Cooper dans "Killer Joe", avec Emile Hirsch. Ce thriller réussi permet à l'acteur texan de se racheter une crédibilité, aujourd'hui vérifiée, et c'est un come-back en bonne et due forme pour Friedkin.
En mai 2016, le réalisateur déclare lors du Festival de Cannes que le Vatican l'aurait invité à filmer à Rome une véritable cérémonie d'exorcisme. Pendant ce même festival, Friedkin annonce qu'il travaille ardemment sur une adaptation de la vie de l'actrice des années 1920, la sulfureuse Mae West, avec Bette Midler dans le rôle principal.
William Friedkin, francophile reconnu, a été brièvement marié à l'actrice Jeanne Moreau dans les années 1970.
Filmographie :
2011 : Killer Joe
2006 : Bug
2003 : Traqué
2000 : L'Enfer du devoir
1995 : Jade
1994 : Blue Chips
1990 : La Nurse
1988 : Le Sang du châtiment
1985 : Police fédérale Los Angeles
1983 : Le Coup du siècle
1980 : La Chasse
1978 : Têtes vides cherchent coffres pleins
1977 : Le Convoi de la peur
1973 : L'Exorciste
1971 : French Connection
1970 : Les Garçons de la bande
1968 : L'Anniversaire
1968 : The Night They Raided Minsky's
1967 : Good Times
Récompenses :
2013 : Lion d'or de Venise pour l'ensemble de sa carrière
2011 : Souris d'or de Venise pour Killer Joe
2006 : Prix FIPRESCI de la Quinzaine des Réalisateurs pour Bug
1997 : Etoile sur le Hollywood Walk of Fame
1974 : Golden Globe du meilleur réalisateur pour L'Exorciste
1972 : Oscar du meilleur réalisateur pour The French Connection
1972 : Golden Globe du meilleur film pour The French Connection
© Sipa, INTERFOTO USA
"L'Exorciste" de William Friedkin (1973)
Réalisé par William Friedkin et sorti en 1973, "L'Exorciste" continue de terrifier chaque génération par sa modernité et ses images très vintage, apportant toute la terreur au scénario. D'autant plus quand on sait qu'il est basé sur le véritable exorcisme de la jeune Regan McNeil, qui a eu lieu en 1949, et qui a été adapté de l'oeuvre littéraire de William Peter Blatty. Si vous ne l'avez jamais vu, attention à avoir le coeur bien accroché ! Le film aux dix nominations aux Oscars mêle le vice et le gore pour une histoire effroyable. Linda Blair et Elle Burstein dans "L'exorcist", en 1973.
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